Alexandre Marie COLIN (1798-1875)

Portrait présumé de Mucius Archimède Duchesne, dit Charles Duchesne (1794-1824), vers 1815-1820
Pierre noire et estompe sur papier
20 × 16 cm
Signature partiellement lisible en bas à droite A Colin
Né en 1798 à Paris, Alexandre Colin entre dans l’atelier d’Anne Louis Girodet à l’École des beaux-arts en 1814. Ce maître bienveillant attire l’affection de ses élèves qui lui restent attachés même après leur apprentissage. Durant ses années dans l’atelier, Colin découvre la lithographie, une nouvelle technique de reproduction à laquelle Girodet s’intéresse très tôt par l’intermédiaire de Godefroy Engelmann. Par ce procédé, Colin réalise un portrait du maître entouré d’une trentaine de ses élèves. Certains tirages portent, ajoutés au crayon, des numéros et des renvois qui permettent d’identifier la plupart d’entre eux : en haut au centre Girodet et en bas à gauche, au-dessus de son monogramme, Colin lui-même. Si les numéros 23 et 28 restent sans légende, certains artistes tels que Lancrenon et Monanteuil sont clairement mentionnés. Le département des Estampes de la Bibliothèque nationale de France conserve un important recueil de portraits de la main de Colin. Légué par Étienne Moreau-Nélaton, il regroupe, outre la lithographie citée précédemment, un ensemble de croquis spontanés de petits formats, sévères ou à charge, représentant ses amis peintres en formation.
D’autres portraits isolés, réalisés sur le même principe, réapparaissent au gré du temps, à l’image de celui d’un jeune homme en buste dessiné à la pierre noire ou peut-être au crayon lithographique sur papier. Ce très beau portrait inédit doit dater de la période charnière où Alexandre Colin s’apprête à quitter l’atelier pour faire ses débuts au Salon de 1819. Le modèle, représenté le buste de trois quarts et le visage presque de profil, semble avoir une vingtaine d’années. Habillé d’une chemise blanche et d’un gilet noir, il regarde vers la droite les yeux brillants et grands ouverts. Ses cheveux noirs sont relevés vers l’avant, à la mode du temps. Si aucun nom n’est indiqué sur la feuille, le modèle présente une grande ressemblance avec le portrait numéro 7 de la lithographie de Colin dont les mentions associées précisent qu’il s’agirait d’un certain « Duchesne ».
Au moins un élève de Girodet porte ce nom : le peintre Mucius Archimède Duchesne né à Gisors en 1794, fils du peintre miniaturiste Jean-Baptiste Joseph Duchesne (1770-1856). Après une courte carrière militaire dans le 36e régiment d’infanterie, le jeune Mucius débute au Salon de 1814 en exposant un portrait en miniature identifié au livret sous le seul nom de « Duchesne ». Pour sa deuxième participation, il expose, au Salon de 1822, quatre portraits en même temps que son père. Cette fois-ci, il fait inscrire en plus de son nom le prénom « Charles », sûrement pour rendre hommage à son jeune frère Charles Jules Duchesne décédé le 18 juin 1821 à l’âge de quatorze ans. À son tour, Mucius meurt précocement le 1er juin 1824 sans avoir eu le temps de marquer son époque. Aux Salons de 1824 et de 1827 seront exposés des portraits sous le nom de « feu Charles Duchesne ».