Tony JOHANNOT (1803-1852)

L’Ange gardien, 1847 
Huile sur panneau
32,5 × 24,2 cm
Signé et daté en bas à droite T.Y.JOHANNOT 1847

Né en Allemagne en 1803, Tony Johannot, installé en France avec sa famille, se forme auprès de son père, lui-même peintre, et de ses frères, avant de participer au Salon. Il y présente d’abord des lithographies d’après ses contemporains et amis Scheffer, Devéria ou encore Desenne, puis à partir de 1831 expose des peintures de son invention. Avec son frère aîné Alfred, ils deviennent les illustrateurs attitrés des écrivains de la génération romantique fournissant des vignettes pour les ouvrages d’Alfred de Vigny, Alphonse de Lamartine, George Sand, Honoré de Balzac et Théophile Gautier. Au début des années 1830, les frères Johannot se voient confier par Charles Furne les illustrations d’une nouvelle édition du Génie du christianisme de Chateaubriand. Le texte rédigé à la fin du xviiie siècle, durant l’exil en Angleterre de son auteur, est publié pour la première fois en 1802. Dans un contexte postrévolutionnaire marqué par l’anticléricalisme de la philosophie des Lumières, Chateaubriand défend l’idée que seul « le christianisme explique le progrès dans les lettres et les arts ». Si Alfred se charge de la plus grande partie des dessins, Tony invente en guise de frontispice la première image de l’ouvrage. 

En 1847, Tony Johannot se souvient de cette composition pour réaliser une petite huile sur panneau. Malgré quelques différences, la peinture et la gravure représentent le même sujet : un jeune garçon confronté à une nature menaçante et protégé par son ange gardien. Dans la peinture, le danger symbolisé par le ravin est remplacé par un buisson de roses d’où s’échappent trois serpents. L’animal évoque pour les chrétiens, depuis sa rencontre avec Ève dans la Genèse, la tentation du Malin. Le peintre semble faire référence à une prière pourtant absente du texte de Chateaubriand, L’Angele Dei : « Ange de Dieu, qui êtes mon Gardien, par un bienfait de la divine Providence ; éclairez-moi, protégez-moi, dirigez-moi, et gouvernez-moi. Ainsi soit-il. » Le frontispice gravé d’après Johannot par le Suisse Franz Niklaus König (1765-1832) montre un jeune voyageur, évocation de Chateaubriand, protégé par un ange alors qu’il marche le long d’un chemin escarpé. Une mention sur la planche renvoie étrangement au chapitre vi du cinquième livre, passage dans lequel l’auteur évoque les oiseaux sans mentionner nulle part la figure de l’ange protecteur ou du voyageur. 

Après le mort de son frère Alfred en 1838, Tony Johannot poursuit seul sa carrière d’illustrateur et de peintre. Les titres de ses œuvres exposées au Salon à partir de 1844 témoignent d’une inspiration religieuse nouvelle que l’on retrouve dans son Ange gardien de 1847.