Pierre-Victor GALLAND (1822-1892)

Portrait de femme, vers 1870-1875
Huile sur toile marouflée sur carton
20,7 × 15 cm
En bas à droite, cachet de la vente d’atelier de l’artiste (Lugt 1197)
Provenance : vente d’atelier de P.-V. Galland, 19 et 20 avril 1894, Paris, hôtel Drouot ; collection particulière, Oise

Né à Genève en 1822, Pierre-Victor Galland étudie avec son père orfèvre et reçoit les conseils de son oncle maternel, Jean-Baptiste Fossin, joaillier du roi. Par la suite, il entame des études d’architecture auprès d’Henri Labrouste avant de rejoindre l’atelier du peintre Michel Martin Drölling où il rencontre Paul Baudry. De 1843 à 1848, Galland travaille au service de Charles Ciceri, décorateur en chef de l’Opéra, pour lequel il peint des ornements en trompe l’œil, des fleurs et des guirlandes de fruits. À partir des années 1850, l’artiste reçoit de nombreuses commandes de décors pour des bâtiments publics ou privés et devient l’artiste préféré des grandes familles de la finance et de l’industrie ainsi que des membres de l’aristocratie étrangère installés à Paris. Inlassable travailleur, il accepte une multitude de projets décoratifs qui nécessitent une infinité d’études et d’esquisses.

Passionné par l’histoire de l’art, notamment par l’école vénitienne, Pierre-Victor Galland propose à ses commanditaires des compositions opulentes chargées de guirlandes et d’arabesques au cœur desquelles des putti virevoltants jouent avec des fleurs et des fruits autour de bustes et de vases peints en trompe l’œil. Parallèlement, l’artiste travaille à une production plus intimiste faite de saynètes et de petits portraits qu’il conserve dans ses cartonniers. Parfait exemple de cette part oubliée de son travail, une figure féminine, peinte sur un bout de toile découpée, montre la double influence des maîtres anciens et de la jeune génération sur Galland. Se tenant debout, le buste de profil, le modèle dont les traits ne sont qu’esquissés semble emprunté à un détail d’arrière-plan d’une peinture de Titien ou de Véronèse. La main posée sur le rebord d’une fenêtre laissée hors cadre et dont la lumière est suggérée par une ligne blanche verticale, cette jeune femme pensive évoque les portraits peints par Edgar Degas et James Abbott McNeill Whistler à la même époque. La correspondance du peintre témoigne de ses liens d’amitié avec Whistler et Henri Fantin-Latour au début des années 1870. 

Nommé professeur d’art décoratif à l’École des beaux-arts de Paris en 1873, puis directeur artistique à la manufacture des Gobelins quatre ans plus tard, Pierre-Victor Galland n’a que très peu attiré l’attention des critiques et du public. Exposant peu au Salon, l’artiste réserve ses œuvres les plus ambitieuses aux regards de ses commanditaires et de leurs invités de marque. Après son décès en 1892, une exposition et une vente d’atelier sont organisées par Henri Haro les 19 et 20 avril 1894 à Paris. Le catalogue comprend alors huit cent onze peintures et dessins sur lesquels est apposé le cachet de son monogramme en rouge dans un cercle.