Paul Victor MATHEY (1844-1929)

Vendu

Portrait du sculpteur Charles Drouet (1836-1908), vers 1885-1890
Huile sur toile
41 × 33 cm
Dédicacé et signé en haut à gauche à mon ami Ch. Drouet/P. Mathey

Vendu

Né à Paris en 1844, Paul Mathey se forme d’abord auprès de Léon Cogniet avant d’entrer à l’École des beaux-arts dans l’atelier d’Isidore Pils. À vingt-cinq ans, il participe pour la première fois au Salon en exposant une toile de grand format Méphistophélès et l’écolier d’après le texte de Goethe. Lorsque la guerre de 1870 éclate, Mathey sert dans les rangs de la garde nationale et défend Paris. Sous la IIIRépublique, le jeune artiste assiste les peintres Alexis Mazerolle et Auguste Rubé sur plusieurs chantiers de décors avant de collaborer au début des années 1880 avec Édouard Detaille et Alphonse de Neuville pour la réalisation des deux monumentaux panoramas des batailles de Champigny et de Rezonville. Ces deux œuvres, qu’il ne signe pas, feront le tour de l’Europe en passant par Vienne, Berlin et Paris. Parallèlement à ses activités d’assistant, Paul Mathey se fait une réputation d’excellent portraitiste et séduit le public avec des effigies sobres et délicates de ses amis artistes à l’image de celles d’Ernest Duez, de Félicien Rops, de Georges Clairin ou du compositeur Camille Saint-Saëns.

Au tournant des années 1880 et 1890, un autre artiste, le sculpteur et collectionneur Charles Drouet vient prendre la pause devant Paul Mathey. Ancien élève d’Armand Toussaint, Drouet dans sa jeunesse se lie d’amitié avec le peintre américain James Abbott McNeill Whistler qui, en 1855, était venu étudier à Paris. Comme sculpteur, il participe régulièrement au Salon avec des œuvres inspirées de ses voyages en Italie et en Espagne, mais cesse ses envois officiels après 1886, exception faite d’une statue de Jeanne d’Arc en marbre qu’il expose au Salon de 1903. L’activité de collectionneur de Drouet prend peu à peu le pas sur son travail artistique. Proche de Carolus-Duran, Manet et Fantin-Latour, il est souvent portraituré par ses amis : en 1859 par Whistler qui grave son profil, en 1885 par Léon Lhermitte au fusain, puis à la fin de sa vie, par Jean Patricot en 1903 sur une grande toile aujourd’hui conservée au musée d’Orsay. Le petit tableau de Paul Mathey représente Drouet âgé d’une cinquantaine d’années. Élégamment vêtu d’un gilet et d’une veste blanche complétés d’un pantalon gris, il porte sur la tête un calot bleu et tient entre ses doigts un cigare. Assis sur un tabouret, sa silhouette se détache sur un mur d’atelier blanc crème. Mathey semble affectionner particulièrement ces arrière-plans sobres et lumineux qui évoquent les intérieurs d’artistes, comme pour son grand portrait de Georges Clairin.

Paul Mathey, à l’instar de Drouet, est un insatiable collectionneur qui accumule chez lui des milliers de dessins de maîtres, de gravures anciennes avec une prédilection pour l’œuvre de Rembrandt, mais également un très bel ensemble de monnaies antiques. Cessant d’exposer au Salon après 1914, il consacre les quinze dernières années de sa vie à cette autre passion avant de s’éteindre en 1929.