Jules OURY, dit MARCEL-LENOIR (1872-1931)

Vendu

L’Homme aux mains croisées, 1906
Portrait présumé du peintre Louis Bouquet (1885-1952)
Huile sur toile
60,5 × 73 cm
Signé en bas à droite Marcel Lenoir
Provenance : probablement ancienne collection Augusta Boogaerts (1870-1951)
Exposition : Paris, Salon des indépendants de 1906, no 3062 : L’homme aux mains croisées (appartient à M. Boogaerts)

Vendu

Jules Oury développe très tôt ses talents artistiques en assistant son père orfèvre à Montauban. En 1889, il part rejoindre son frère aîné Louis à Paris et fréquente l’École des arts décoratifs. Décidé à devenir peintre, il prend le pseudonyme de Marcel-Lenoir, fréquente les artistes et les poètes du Quartier latin en arborant une longue barbe et un costume noir qui lui donnent l’air d’un vagabond effrayant. Menant une vie de bohème, Marcel-Lenoir peine à vendre ses travaux symbolistes jusqu’à sa rencontre avec l’éditeur Arnould qui lui offre de diffuser ses créations passées et à venir. Durant les dernières années du siècle, l’artiste connaît ses premiers succès, mais rapidement le tumulte parisien et les nécessaires sociabilités pèsent sur son équilibre. Il s’éloigne alors de la capitale, pour regagner son Sud-Ouest natal. Sensible aux évolutions artistiques de son époque, son style qui évolue vers moins de mysticisme montre l’influence de Cézanne puis celle des jeunes artistes du groupe fauve. Depuis Montauban où il peint majoritairement des paysages, l’artiste se rend quelque temps en Espagne avant de revenir s’installer à Paris. 

En 1906, Marcel-Lenoir participe au Salon des indépendants en exposant huit œuvres. Le livret précise que le peintre vit alors à Paris au 83 rue de la Tombe-Issoire dans une cité d’artistes regroupant une vingtaine d’ateliers près du parc Montsouris. Le 8 octobre, un article du journal La Dépêche nous apprend qu’une salle entière du Salon est consacrée aux œuvres du peintre. Les critiques évoquent surtout la toile titrée Sagesse dont le grand format et les teintes pâles semblent marquer les visiteurs. Un autre tableau, intitulé L’Homme aux mains croisées, représente un jeune homme au regard perçant dont l’identité n’est pas précisée. Peint dans un camaïeu de bleu pâle sur une toile horizontale, le modèle aux traits anguleux est probablement le jeune peintre Louis Bouquet âgé d’une vingtaine d’années. Artiste d’origine lyonnaise, Bouquet, qui vient d’arriver dans la capitale, reçoit cette année-là un prix de la Société des amis des arts. Installé cité Falguière il fait la connaissance de Marcel-Lenoir avec lequel il se lie d’une profonde amitié dont témoignent des portraits réciproques. 

L’évolution du style de Marcel-Lenoir suscite des commentaires contrastés avant que le peintre ne se décide à quitter durablement la vie publique pour se réfugier à Montricoux près de Montauban. Là, isolé, il s’initie à l’art de la fresque et multiplie paysages, natures mortes et portraits avec une approche « cubisante ». Après 1920, époque de sa dernière « manière », il adapte le style Art déco à son profit dans des toiles à sujets religieux et profanes jusqu’à sa mort survenue en 1931.