Jean Victor BERTIN (1767-1842)

Oeuvre déjà vendue

La Loge de Viarmes, vers 1805
Huile sur toile
38 × 50 cm 
Provenance : collection particulière, Normandie

En cours d’acquisition par le musée Condé à Chantilly

C’est au Salon de l’an VIII (1799) que Jean Victor Bertin connaît son premier succès public et officiel en obtenant un prix d’encouragement. Dès lors, il est rapidement considéré comme l’une des figures montantes de la peinture de paysage et reçoit à ce titre ses premières commandes publiques et privées. Bien que ses œuvres évoquent très tôt la douce chaleur de l’Italie jusque dans leurs titres, le peintre n’a pas encore pu entreprendre son Grand Tour jusqu’à Rome. Ses paysages mythologiques s’inspirent alors principalement des œuvres de Poussin ou de Gaspard Dughet mais également des dessins et esquisses tracés d’après nature par son maître Pierre Henri de Valenciennes. En parallèle de ces toiles aux sujets classiques destinées aux salons, d’autres, réalisées avant son départ pour l’Italie en 1805, témoignent de l’intérêt de l’artiste pour la campagne et les bois qui entourent la capitale. Cette production plus intimiste permet de suivre Bertin sur les bords de l’Essonne, aux environs d’Antony, ou dans certaines parties du parc de Saint-Cloud. Une de ces toiles, dont la composition et le support confirment la précocité, atteste de sa présence plus au nord dans l’Oise, à proximité de Chantilly. 

L’œuvre représente une bâtisse flanquée de quatre tourelles appelée alors la loge de Viarmes. Ce logis dont la construction remonte à la fin du xiiie siècle se situe en pleine forêt au bord des étangs de Commelles. Lorsque Bertin s’installe près de l’eau pour tracer sa composition, le soleil éclaire la façade sud d’une lumière dorée. Le peintre saisit tous les effets pour en révéler les moindres détails, comme une lézarde sur le mur ou le relief des pierres et leurs nuances d’ocre clair. Une même minutie est apportée au feuillage des arbres qui encadrent le bâtiment et au rendu des ombres portées sur le sol. À la surface de l’eau, la haute façade se reflète éclairée par le soleil. Inédite, cette toile est probablement la première pensée d’une composition qui sera plus tard enrichie de figures par l’artiste, puis maintes fois copiée en intégrant sur la droite un arbre supplémentaire et une charrette. 

Le site fait aujourd’hui partie du domaine de Chantilly depuis son acquisition en 1825 par Louis VI Henri de Bourbon-Condé qui décide de le reconvertir en relais de chasse. Durant trois ans, jusqu’en 1828, l’architecte Victor Dubois remanie et transforme le bâtiment en un castel de style néo-gothique. Son nom actuel de « château de la Reine-­Blanche » date de cette époque. Selon la tradition, la reine Blanche de Castille y aurait résidé. Les livrets du Salon nous apprennent que Bertin choisira de nouveau ce site en 1841, un an avant sa mort, pour une toile qu’il expose sous le titre de Château de la Reine Blanche aux étangs de Commelles, sans que nous sachions si cette œuvre (non localisée) montrait une autre version de la Loge de Viarmes ou si elle représentait le bâtiment avec ses modifications d’après 1828.