Jean Victor BERTIN (1767-1842)

Narcisse, vers 1796-1805
Huile sur papier fixé sous verre
18,5 cm de diamètre
Provenance : probablement collection Charles Marcotte d’Argenteuil (1773-1864) ; collection d’Alexandre Legentil (1821-1889) et de Marie Marcotte Legentil (1828-1920)

Jean Victor Bertin naît à Paris le 20 mars 1767, au sein d’une famille modeste de maîtres perruquiers. À dix-huit ans, il intègre l’atelier de Gabriel François Doyen pour y étudier le genre historique, mais change rapidement de voie pour emprunter celle de la peinture de paysage en choisissant pour nouveau maître Pierre Henri de Valenciennes. L’influence de cet artiste, alors chef de file du paysage néoclassique en France, sera déterminante sur l’ensemble de sa carrière. À l’âge de vingt-six ans, Bertin participe pour la première fois au Salon libre de 1793. Trois ans plus tard en 1796, il expose cinq toiles dont les titres évoquent des thématiques mythologiques prétextes à la réalisation de grands paysages classiques sur le modèle de ceux peints par Nicolas Poussin au xviie siècle. Durant ce même Salon de 1796 Bertin présente, en parallèle de ces tableaux, un « cadre renfermant plusieurs médaillons, et paysages ronds et ovales, etc., sous le même numéro ». Bien que la technique utilisée pour les différents éléments de cet ensemble ne soit pas précisée, il est très probable qu’il s’agisse de peintures dites « en fixé sous verre ». 

Ce procédé employé depuis l’Antiquité connaît un regain d’intérêt dans la seconde moitié du xviiisiècle. Enseigné dans certains ateliers, notamment celui de Valenciennes, il consiste le plus souvent à peindre sur un support fin – papier ou toile – enduit d’un vernis que l’on vient appliquer, à frais, contre une vitre. Il ne faut pas confondre ce procédé avec celui de la peinture sous verre, plus complexe, qui consiste à peindre à même le verre en inversant l’ordre des plans. Le plus souvent intégrés à des objets décoratifs, couverture d’album ou couvercle de boîte, les fixés sous verre peuvent, certaines fois, avoir été conçus comme des œuvres autonomes. C’est le cas pour la composition de Jean Victor Bertin illustrant le thème mythologique de Narcisse se mirant dans l’eau. La figure du jeune homme se détache, seule, sur un fond de paysage encore largement influencé par Valenciennes. La plaque de verre circulaire d’un diamètre de 18,5 centimètres, trop grande pour avoir servi d’ornement à un objet usuel, est enchâssée dans un riche encadrement en bois et stuc dorés de format rectangulaire et de style néoclassique, probablement conçu spécifiquement pour l’accueillir. 

Devenu célèbre durant l’Empire, Bertin n’aura de cesse de répéter ses sujets et ses compositions de jeunesse. C’est le cas de son Narcisse qui, complété par la figure féminine d’Écho accompagnée de ses chiens, sera repris en 1825 pour une nouvelle œuvre en fixé sous verre, dont le style peut paraître alors déjà anachronique. D’une grande fragilité, ces œuvres de Bertin sont rares à nous être parvenues sans dommage.