Jean Pierre GRANGER (1779-1840)

Vendu

Portrait présumé du frère de l’artiste, Charles Marie Granger (1785-1859), vers 1815
Huile sur toile
91,5 × 71,5 cm 
Signé en bas à droite du monogramme JPG

Vendu

Fils d’un vitrier parisien, Jean Pierre Granger s’initie très jeune à la peinture et au dessin auprès d’Angélique Briceau et de son mari le graveur Louis Jean Allais. À seize ans, fort de cette première formation, le jeune homme entre à l’École des beaux-arts. Il y suit l’enseignement de Jean-Baptiste Regnault avec lequel, durant quatre années, il apprend les bases du métier de peintre, puis quitte ce maître pour rejoindre l’atelier de Jacques Louis David en 1799. Ce dernier a su attirer autour de lui un grand nombre d’élèves aux profils très divers ; parmi eux, un jeune Montalbanais, Jean Auguste Dominique Ingres, avec lequel Granger va se lier d’une amitié durable. En 1800, les deux jeunes artistes s’affrontent lors du concours du prix de Rome. Si le sujet, « Antiochus renvoie son fils à Scipion », permet à Ingres de montrer toute l’étendue de son talent, David s’oppose à ce qu’il remporte le prix et milite pour qu’il soit décerné à Granger. Fier de son succès, l’élève, allant quérir des compliments auprès du maître, se vit répondre : « Tu as fait un mauvais tableau, mais c’est égal, va toujours à Rome et étudie les maîtres, l’Antique et la Nature. » Ingres ne reproche en rien cet échec à son ami et remporte le concours l’année suivante. 

La situation économique et politique de la France retarde le départ des deux lauréats pour l’Italie jusqu’en 1806. Arrivés à Rome à quelques mois d’écart, Ingres et Granger, qui résident à la Villa Médicis, restent très proches. Le premier réalise en 1810 un portrait dessiné du second posant fièrement de profil. Ayant prolongé légèrement son séjour en Italie après la fin de son pensionnat, Granger fait la connaissance de Lucien Bonaparte, frère de l’Empereur, qui l’invite à Canino pour dessiner sa collection d’antiques et lui commande plusieurs portraits. Dans le cercle du prince, le peintre rencontre une jeune Française, Marie Jeanne Catherine Delaigle, qu’il épouse à leur retour en France en 1813.

Installé avec sa femme à Paris, Jean Pierre Granger retrouve son jeune frère, Charles Marie, qui vient d’obtenir son agrément d’orfèvre et prépare son mariage avec Sophie Adélaïde Roche. C’est probablement à la suite de leur union, le 5 juillet 1814, que le peintre réalise le portrait de chacun des époux. Charles Marie, très élégant, porte une veste boutonnée qui couvre une chemise blanche à haut col et tient sous son bras un haut-de-forme. Accrochée à la ceinture, une châtelaine ornée d’une intaille en cornaline offre à l’œuvre une touche de couleur qui appelle le regard. En comparant la physionomie de chacun des deux frères, on peut remarquer plusieurs points de ressemblance : un front haut largement dégarni, des paupières marquées et une bouche pincée. Ce portrait évoque indubitablement celui d’Edme Bochet peint par Ingres à Rome en 1811 et dont Granger conserve le souvenir.