Gustave Paul Émile SURAND (1860-1937)

Vendu

Jeune pêcheur de Chioggia, 1885
Huile sur toile
40,5 × 32,5 cm
Dédicacé, signé, localisé et daté en bas à droite a mon ami/mr de Dramard/Surand/Venise1885

Vendu

Né à Paris en 1860, Gustave Surand, fils d’un marchand de vin, se forme auprès de Jean-Paul Laurens à l’École des beaux-arts. Le jeune peintre débute au Salon des artistes français de 1881 en exposant d’abord des sujets bretons et espagnols ainsi que des scènes de genre, avant de se spécialiser dans la représentation des fauves. Ayant reçu une mention honorable au Salon de 1884, il obtient une bourse d’étude qui lui permet de visiter la Tunisie puis l’Italie. Accompagné du peintre Léon Detroy, rencontré à l’École, il découvre Venise en 1885. Là, il passe beaucoup de temps dans la petite ville portuaire de Chioggia située à l’entrée sud de la lagune. 

Le peintre travaille alors sans relâche, peignant chaque jour le port, la mer et les bateaux dont les voiles aux couleurs vives s’illuminent sous sa touche épaisse et rapide. Les nombreux jeunes garçons qui animent le port attirent également son attention. Ses toiles montrent la vie en apparence paisible et la fausse indolence de ces enfants à la jeunesse brûlée par le soleil. Sur l’une d’elles, probablement contre quelques pièces, un adolescent prend la pause, adossé à un mur enduit de chaux blanche aux reflets roses. Le regard perdu, il scrute le lointain en attendant que le peintre ait terminé son œuvre. Son visage, plongé dans l’ombre des larges rebords d’un chapeau, s’éclaire de quelques traits de lumière traversant la paille dénouée. Le modèle, vêtu d’un haut bleu, semble identique à celui qui se tient debout sur une barque de pêcheur dans le tableau Les Voiles jaunes, exposé au salon de Nantes en 1886, puis à Paris deux ans plus tard et récemment acquis par le musée d’Arts de Nantes. L’œuvre, dont la virtuosité évoque les plus belles toiles de Joaquín Sorolla, porte une dédicace au peintre Georges de Dramart, un ancien élève de Léon Bonnat. Dans ses souvenirs, le sculpteur Alexis André Desclos, autre ami de l’artiste, fait allusion en 1931 au séjour de Surand à Venise et raconte avec beaucoup de fantaisie sa rencontre, démentie par les dates, avec Richard Wagner, mort en 1883, deux ans avant son arrivée. 

À son retour en France, après avoir exposé plusieurs toiles de sa série vénitienne, Gustave Surand s’impose comme peintre animalier avec une prédilection pour les lions et les tigres qu’il étudie d’après nature à la ménagerie du Jardin des Plantes comme Delacroix et Barye avant lui. Pendant l’Exposition universelle de 1889, il expose Les Lions crucifiés une toile monumentale de cinq mètres par quatre qui suscite un vif intérêt et l’installe durablement dans ce genre aux yeux du public.