Eugène DEVÉRIA (1805-1865)

Portrait d’un jeune Écossais, vers 1850-1854
Huile sur toile
73 × 60 cm
Signé en bas à droite Eug. Deveria

Avec La Naissance d’Henri IV, qui connaît un immense succès au Salon de 1827 et est acquis par l’État, Eugène Devéria apparaît comme l’un des chefs de file du mouvement romantique en France. Il fréquente les cénacles littéraires parisiens où il se lie d’amitié avec Victor Hugo, Alexandre Dumas, Alfred de Musset et Franz Liszt, tous portraiturés par son frère aîné Achille. Durant les années 1830, Eugène reçoit de nombreuses commandes officielles pour le Louvre, Versailles et différentes églises parisiennes. Son triomphe de 1827 ne se renouvelant pas lors des salons suivants, le peintre accepte de s’éloigner de la capitale avec sa famille en 1838 pour réaliser les décors de la cathédrale Notre-Dame-des-Doms en Avignon. Déjà très affaibli par des conditions de travail difficiles, Eugène Devéria doit quitter la ville en 1841 à cause de terribles inondations. L’artiste s’installe alors à Pau, dans sa région d’origine où il tente de reprendre des forces. De cette période de sa vie date sa conversion au protestantisme. 

Appelé en Hollande pour réaliser le portrait de la reine Sophie, Eugène Devéria arrive à Rotterdam en juin 1849. La toile terminée est très mal accueillie et le peintre décide de partir pour l’Angleterre, sans argent. La présence d’un oncle installé à Édimbourg guide ses pas jusqu’en Écosse où il est accueilli chaleureusement dans le quartier de New Town. Les riches familles protestantes de la région lui commandent des œuvres, à l’image du duc Lawrence Hamilton, un avocat réputé et francophile qui charge le peintre de réaliser son portrait avec ses trois fils. Pour cette toile, le père et ses enfants sont représentés en tenue de pêche, cannes à la main, devant les ruines d’une forteresse médiévale possiblement inspirées par celles de Holyrood Abbey. Ce décor se retrouve presque à l’identique en fond du portrait d’un jeune garçon dont l’identité n’est pas parvenue jusqu’à nous. Âgé d’une dizaine d’années, le modèle blond aux yeux bleus est vêtu d’un costume noir à col blanc et tient un bâton dans sa main gauche. L’œuvre est une des nombreuses commandes reçues par l’artiste durant son séjour écossais. 

De retour en France en 1851, Devéria refait plusieurs séjours en Écosse les années suivantes et continue d’exposer principalement des portraits à la Royal Scottish Academy et à la Royal Academy de Londres jusqu’en 1856. Après un passage à Avignon pour achever les décors de la cathédrale, le peintre rentre définitivement à Pau auprès de sa famille. En 1861, il participe une dernière fois au Salon de Paris avec La Réception de Christophe Colomb par Ferdinand et Isabelle. Le peintre meurt à Pau quatre ans plus tard, le 3 février 1865. Certains journaux écossais, dans leurs chroniques artistiques, se font alors l’écho du triste événement.