Dominique Louis Féréol PAPETY (1815-1849)
Allégorie de la fondation de Marseille, vers 1847-1848
Huile sur toile
48 × 73 cm
Marque de toile de la maison Lentaigne à Paris [active uniquement en 1847]
En cours d’acquisition par le Palais Longchamp, musée des Beaux-Arts de Marseille
Originaire de Marseille, Dominique Papety remporte le grand prix de peinture en 1836 et devient pensionnaire de la Villa Médicis alors dirigée par Jean Auguste Dominique Ingres. Le grand maître de Montauban a sur le jeune artiste une incontestable influence et reconnaît immédiatement la particularité de son talent en disant de lui que « ce ne fut jamais un élève [mais] un maître dès qu’il toucha un pinceau ». Durant son séjour en Italie de 1837 à 1842, Papety travaille à une composition monumentale (370 × 635 cm) qui deviendra son chef-d’œuvre : Rêve de bonheur. Commencée à Rome, la toile inachevée accompagne le peintre lors de son retour à Paris en 1842. Après plusieurs mois de travail, l’œuvre terminée est présentée au Salon de l’année suivante. Bien que récompensé par un prix d’honneur, le tableau influencé par la pensée utopique de Charles Fourier déclenche la polémique et n’est pas acquis par l’État.
En 1846, Dominique Papety accompagne François Sabatier, riche collectionneur et grand amateur d’antiquités, jusqu’en Grèce avant de revenir brièvement en France. De cette période datent de nombreuses idées pour des tableaux d’église ou pour des commandes – réalisés ou non – dont la correspondance publiée du peintre garde la mémoire. Parmi ces projets, on trouve la trace d’une Résurrection de Lazare et de deux compositions sur le mythe de la fondation de Marseille : Les Noces de Gyptis et La Coupe de Gyptis. Si le musée Fabre de Montpellier possède un dessin et une esquisse représentant l’épisode des noces, la redécouverte d’une grande étude inédite dans sa composition rend compte des hésitations et des ambitions du peintre sur ce thème. La toile rappelle le Rêve de bonheur auquel elle emprunte le principe d’un paysage idyllique animé de nombreux personnages vêtus à l’antique. Entourée d’arbres, une sculpture en marbre représentant une divinité antique assimilable à Déméter, déesse grecque de l’agriculture et des moissons, trône au centre. Debout, s’appuyant sur le socle de la statue, un homme tend le bras vers la mer et les côtes visibles à l’arrière-plan. Serrée contre lui, une jeune femme nous tourne le dos. Ce couple peut évoquer les deux figures mythiques chères à Papety, marseillais d’origine : la Gauloise Gyptis et le Grec Protis qui selon la légende créèrent ensemble la ville de Massalia. L’œuvre allégorique pourrait alors apparaître comme une synthèse parfaite de l’amour du peintre pour la Grèce et de son affection pour la cité de son enfance. Si cette esquisse ne semble pas avoir donné lieu à une œuvre achevée, trois croquis redécouverts en avril 2024, titrés Marseille, Massilia et Massa montrent que le peintre projetait de réaliser une composition d’envergure sur le thème de la ville. Bien que difficilement lisibles, ces trois études reprennent l’idée d’une accumulation de figures dans un paysage et semblent s’intégrer dans un décor mural. Sur l’une d’elles, nous retrouvons à droite l’évocation du couple Gyptis et Protis, presque à l’identique.
Dès le mois d’août 1847, Papety repart en voyage et contracte le choléra en Morée. Très malade, il retourne à Marseille pour se soigner et meurt prématurément en septembre 1849 à l’âge de trente-quatre ans.