Barthélemy MENN (1815-1893)

Vendu

Paysage à Nepi, 1852
Huile sur papier marouflé sur carton
19,5 × 27,5 cm
Localisé et daté en bas à droite Nepi [1Juin 52
Provenance : collection particulière, Suisse

Vendu

Né en Suisse en 1815, Barthélemy Menn entre à l’école des beaux-arts de Genève à l’âge de seize ans avant d’être admis dans l’atelier du peintre Jean Léonard Lugardon en 1832. Grâce à la recommandation de ce dernier, Menn se rend à Paris auprès d’Ingres afin de terminer sa formation. Peu de temps après son arrivée en France, le jeune artiste apprend que son nouveau maître est nommé à la direction de la Villa Médicis à Rome. Décidé à l’y rejoindre, Menn arrive dans la Ville éternelle en 1835 où il copie les œuvres de la Renaissance tout en esquissant les paysages du Latium. De retour à Paris en 1838, le peintre rencontre Corot et abandonne la peinture d’histoire pour se consacrer au paysage. À Barbizon, près de Fontainebleau, il fréquente une nouvelle génération d’artistes et se lie d’amitié avec Théodore Rousseau et Charles François Daubigny. Ses deux tableaux exposés au Salon de 1842, encore inspirés par son premier voyage en Italie, lui valent des critiques élogieuses. Rapidement introduit dans les cercles romantiques de la capitale, il fait la connaissance d’Eugène Delacroix puis de George Sand qui lui confie la tâche d’enseigner le dessin à son fils Maurice. 

Faute de commandes, Menn quitte la France et rentre à Genève en 1843. Il n’est cependant pas nommé à la direction de la classe de figure de l’École de Dessein (future École municipale des beaux-arts de Genève), malgré une chaleureuse lettre de recommandation d’Ingres. Il s’essaye à la peinture alpestre sans grand succès et ouvre son propre atelier. Après des voyages dans le Midi de la France et le Valais, il est nommé à la direction de l’École municipale des beaux-arts de Genève où il enseigne pendant quarante-trois ans. Professeur influent, Barthélemy Menn marque toute une génération d’élèves dont Ferdinand Hodler est aujourd’hui le plus célèbre représentant.

En 1852, après avoir reçu la visite de ses amis Corot et Daubigny à Genève, le peintre décide de retourner en Italie pour travailler en plein air. Durant ce deuxième séjour, Menn se rend au mois de juin à Nepi, une petite ville située près de Civita Castellana, sur la route qui relie Rome à Viterbe. Le site, occupé depuis l’Antiquité, est dominé par le Castello Borgia et sa haute tour du xvie siècle. En entrant dans la ville, l’artiste découvre un grand aqueduc d’apparence romain, mais dont la construction a débuté pendant la Renaissance et ne fut achevé qu’en 1727. Malgré ses 285 mètres de longueur, Menn réduit l’ouvrage au rang de détail dans une petite huile sur papier peinte sur le motif. L’artiste choisit de confronter d’abord le spectateur à la falaise abrupte du premier plan, sur laquelle une végétation abondante s’accroche. Le paysage, complété par l’aqueduc et quelques grands arbres, est traité en brun, en ocre, en gris et en vert, tandis que sont laissés visibles les traits du dessin sous-jacent. L’aplat bleu du ciel, placé au dernier moment sans nuance, harmonise l’ensemble par contraste de couleurs complémentaires. Encore influencée par la manière des premières œuvres italiennes de Corot, cette vue de Nepi conserve le souvenir de la formation classique de son auteur.