Auguste François PERRODIN (1834-1887)
Melchisédech, Moïse, David et saint Michel, 1880
Aquarelle et encre sur papier
49 × 48,2 cm
Signé du monogramme P en chrisme et daté en bas à gauche 1880
Vendu
Né à Bourg-en-Bresse en 1834, Auguste Perrodin grandit dans une famille d’humbles commerçants qui ne le destinait pas à une carrière artistique. Enfant, il montre cependant de telles dispositions pour le dessin que ses parents acceptent qu’il s’inscrive en 1850 à l’école des beaux-arts de Lyon dirigée alors par Claude Bonnefond. Durant sa scolarité au palais Saint-Pierre, ses travaux, plusieurs fois récompensés, attirent l’attention d’un ancien de l’école, le peintre Hippolyte Flandrin, qui invite le jeune artiste à le rejoindre à Paris. Ce nouveau maître vient de connaître la consécration avec l’inauguration des premiers décors de l’église Saint-Germain-des-Prés. Auprès de lui, Perrodin se forme à l’art de la peinture murale en participant à la dernière phase des travaux de la nef à Saint-Germain. En 1857, le peintre bressan fait ses débuts au Salon en exposant deux portraits et un Saint Jean-Baptiste, puis voit son Jésus-Christ apaisant la tempête être acquis par l’État deux ans plus tard pour être installé dans la cathédrale de Bourg. Cette œuvre, encore précoce, montre l’affirmation d’un style qui, s’il partage certains éléments avec celui de Flandrin, tend déjà vers une certaine forme de maniérisme marqué par l’allongement excessif des figures et des couleurs aux contrastes saturés.
À la même époque, l’architecte Eugène Viollet-le-Duc, chargé du chantier de restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, fait appel à lui pour des peintures murales dans le chœur de l’édifice. Perrodin réalise tout un programme de compositions – aujourd’hui en grande partie détruit – pour différentes chapelles sur des thèmes inspirés de l’Ancien et du Nouveau Testament. Le résultat, unanimement salué, n’offre pourtant pas à son auteur la gloire légitimement espérée. Ne recevant pas de nouvelles grandes commandes de l’État, le peintre accepte de travailler pour des églises de province où il ne reçoit qu’une reconnaissance locale et trop ponctuelle. Sollicité par des éditeurs et par des ateliers d’orfèvres ou de verriers, Perrodin produit des dessins d’illustrations et des maquettes de vitraux tout en continuant de participer aux salons.
Une grande aquarelle, portant la date de 1880, semble pouvoir être rendue à ce peintre injustement tombé dans l’oubli. La feuille au format presque carré, signée d’un « P » en forme de chrisme, représente quatre figures bibliques de l’Ancien Testament. Sur la gauche, le grand prêtre Melchisédech, reconnaissable à sa tenue, se dresse bras levés devant un autel chargé de pains ; au centre Moïse désigne les tables sur lesquelles un texte annonce la venue du Christ, pendant que le roi David joue de la harpe. Sur la droite, l’archange saint Michel, une lance à la main et le démon à ses pieds, ferme la composition. Probable maquette pour un décor mural qui reste à identifier, cette composition, proche par son vocabulaire des œuvres de certains peintres anglais, met en avant toute la singularité de son auteur. Sept ans plus tard, Auguste Perrodin très fatigué par ses différents chantiers part se soigner en Auvergne, mais décède le 24 juillet 1887, à cinquante-trois ans. Si le musée de Bourg-en-Bresse conserve quelques œuvres de sa main, l’essentiel de son travail reste encore à redécouvrir.