Berger italien dans un paysage, vers1841
Mine de plomb, aquarelle et gouache sur papier
12,3 × 22 cm
Fils d’un notaire de Grenoble et cousin de Stendhal, Ernest Hébert entreprend des études de droit qu’il abandonne au profit de sa vocation d’artiste. Inscrit à l’École des beaux-arts de Paris, il fréquente les ateliers de David d’Angers et Raymond Monvoisin avant de devenir l’élève de Paul Delaroche auprès duquel il prépare sa montée en loge pour le concours du prix de Rome. Lauréat en 1839, il quitte Paris pour l’Italie l’année suivante. Pensionnaire de la Villa Médicis sous le directorat d’Ingres puis de Jean Victor Schnetz, il se lie d’une durable amitié avec Charles Gounod, vainqueur du grand prix de musique la même année que lui. Comme tous les artistes venus en Italie avant lui pour étudier, Hébert dessine sans relâche les monuments et paysages qu’il croise sur son chemin.
Trois dessins réalisés la deuxième année de son séjour témoignent de ses qualités de paysagiste. Le premier, daté du 25 mars 1841 et localisé à Rome, porte l’intrigante mention « Souvenir du Falcone ». L’œuvre représente une vue depuis les berges du Tibre avec un pont à deux arches reliant les rives. Tracé à la pierre noire relevée de craies de couleur et d’aquarelle sur un papier chanvre, l’endroit ne semble correspondre à aucun lieu romain répondant au vocable de « Falcone ». Le terme de « souvenir » laisse penser que cette vue aura évoqué à son auteur un agréable moment du passé en un lieu du nom de Falcone ou la simple vision d’un faucon ce jour-là. Le second dessin, plus dépouillé, laisse une large place à la réserve. Centré sur la figure d’un berger se tenant debout près d’une tombe et d’un bassin dominés par trois cyprès, le motif dessiné à la pierre noire est subtilement coloré aux craies blanche et bleue. La troisième vue, un panorama des toits de Rome depuis l’une des collines de la ville, s’étale sur la longueur du papier bleu. L’artiste, d’un trait de pierre noire, y esquisse quelques-uns des clochers et des dômes qui ponctuent la silhouette de la cité. Au centre du ciel dominant, un nuage à la craie blanche masque la lumière de la lune qui peine à percer la nuit.
En 1844, son pensionnat terminé, Hébert choisit de prolonger de deux ans son séjour italien pour visiter le reste de la Péninsule. De retour à Paris, il expose La Malaria, au Salon de 1850, tableau qui remporte un vif succès et lui promet de nombreuses commandes. Cependant, il préfère retourner en Italie où il s’installe pour les dix années suivantes. Le reste de sa vie sera fait d’allers-retours entre Paris et Rome où il prend par deux fois la direction de la Villa Médicis, d’abord entre 1867 et 1873, puis entre 1885 et 1891. Le peintre choisira de passer les dernières années de sa vie en France dans sa maison de La Tronche en Isère où il s’éteint en 1908. Cette demeure deviendra son musée en 1934.