Anne Louis GIRODET de ROUCY-TRIOSON (1767-1824)

Mars et Vénus surpris par Vulcain, vers 1815-1820
Pierre noire et estompe sur papier
19,7 × 15 cm
Provenance : ancienne collection Becquerel
Œuvre en rapport : lithographie par Henri Guillaume Chatillon dans Amours des dieux, Paris, Engelmann, 1826, planche no 16

Anne Louis Girodet, peintre célèbre du premier quart du xixe siècle, fut un illustrateur fécond et participa à plusieurs projets d’édition dont ceux dexs œuvresde Virgile et de Racine pour l’imprimeur Didot l’Aîné. Il fut également l’un des premiers « peintres classiques » à s’intéresser à la lithographie. Cette nouvelle technique de reproduction inventée en Allemagne par Aloys Senefelder en 1796 se diffuse rapidement dans toute l’Europe. Elle consiste en l’impression à plat d’un dessin réalisé au crayon gras sur une pierre, d’où son nom. En France, un brevet est déposé en 1802 avant que les premiers ateliers lithographiques ouvrent à Paris à partir de 1815. L’année suivante, Godefroy Engelmann s’installe comme éditeur lithographe et semble être celui qui fait découvrir le procédé à Girodet par l’intermédiaire de Pierre Mongin. À la même époque, le peintre commence une série de dessins inspirée par Ovide et ayant pour sujet les amours des dieux. Le format et la technique utilisés par Girodet laissent peu de doutes sur la destination de ces œuvres : une nouvelle publication lithographiée. Durant les dernières années de sa vie, malgré une santé déclinante, l’artiste se consacre en marge de ses peintures à la réalisation des différentes compositions devant orner l’ouvrage. 

Mars et Vénus surpris par Vulcain illustre l’un des passages des Métamorphoses d’Ovide, long poème en latin composé au début du premier siècle. L’histoire développée dans le quatrième livre raconte les amours adultères de Mars et Vénus surpris par Vulcain, l’époux légitime averti par Apollon. Dans son dessin tracé à la pierre noire, Girodet représente les deux amants nus, allongés et endormis avec Cupidon à leur côté. Au second plan, Vulcain soulève le voile étoilé cachant le corps de son épouse infidèle blotti contre celui du dieu de la guerre. L’artiste use avec raffinement de l’estompe et de la gomme pour éclairer certains détails avant de relever d’un trait fort les contours des personnages. 

À la mort de Girodet le 9 décembre 1824, seule une partie des compositions est achevée ou en voie de l’être. Les plus fidèles de ses élèves se donnent alors pour devoir de mener à son terme le projet de publication. L’ouvrage qui paraît finalement en 1826 sur les presses d’Engelmann comprend seize lithographies et un texte explicatif rédigé par Pierre Alexandre Coupin, critique d’art et ami de Girodet. La dernière des illustrations, celle de Mars et Vénus, est confiée à Henri Guillaume Chatillon, filleul de Girodet, qui ajoute la figure d’Apollon sur son char à l’arrière-plan.