Sébastien-Charles GIRAUD (1819-1892)
Eugène Giraud dans son atelier, 1842
Huile sur papier marouflé sur toile
33 × 56,5 cm
Signé et daté en bas à droite Charles Giraud / 1842.
Vendu
Issu d’une famille d’artistes, Charles Giraud s’initie à la peinture auprès de son frère aîné Eugène avant d’entrer à l’École des beaux-arts de Paris en 1835. Le jeune artiste développe très tôt un goût pour les vues d’intérieur et plus particulièrement les scènes d’atelier qu’il exposera régulièrement, de sa première participation au Salon de 1839 avec Un intérieur d’atelier de peintre jusqu’aux derniers salons du Second Empire. Son ami Théophile Gautier écrira en 1861 : « Nul ne sait mieux que lui exprimer harmonieusement les mille détails d’un atelier ou d’un cabinet artistique : tableaux, potiches, statuettes, armures, vieux bahuts, tapisseries passées de ton, tout le curieux monde du bric-à-brac. » La représentation de ces espaces de travail aux décors saturés donne à Giraud l’occasion de mettre régulièrement en scène son frère aîné.
En 1842, les deux frères travaillent dans leur atelier parisien du 57, rue du Faubourg-du-Roule où Eugène achève l’une des toiles qu’il compte présenter au Salon l’année suivante : Les Crêpes. Dans un décor bourgeois sous la Régence, plusieurs convives richement vêtus font cuire des crêpes dans une cheminée. Charles représente Eugène au centre de la pièce mettant les dernières touches à son œuvre. L’espace relativement vaste est saturé d’objets divers, de sculptures et de toiles. Un meuble domine : une grande armoire gothique aux motifs chargés. Devant elle, installée sur un second chevalet, une autre version des Crêpes est restée inachevée. Sur un fond bleu sans décor, on peut y reconnaître le même groupe de personnages en costume du xviiie siècle. À droite, posée sur le bureau, une perruque enfarinée a dû servir de modèle pour les figures. Lorsque, plus tard, les Giraud déménageront pour des ateliers plus luxueux, les portraits d’ateliers peints par Charles témoigneront de cette ascension sociale. Un élément reste cependant commun à tous ces lieux malgré le temps qui passe : l’armoire gothique qui se déplace, mais jamais ne disparaît.
Lorsque Louis-Philippe lance en 1843 une expédition militaire en Océanie, Charles Giraud est engagé comme dessinateur de la Marine. Chargé de relater les exploits militaires de l’armée française, il exécute de nombreux croquis de cette guerre coloniale franco-tahitienne qui lui servent, à son retour en 1847, pour l’exécution de plusieurs tableaux commandés par l’administration des Beaux-Arts. Il n’arrête pas là sa carrière de peintre explorateur et part en Laponie avec le peintre François-Auguste Biard, ainsi qu’au Groenland et en Islande avec le prince Napoléon. Jouissant de son vivant d’une grande renommée, il est remarqué par les frères Goncourt et devient un familier de la princesse Mathilde Bonaparte pour laquelle il réalise de nombreuses peintures dont plusieurs sont aujourd’hui conservées au château de Compiègne.