Jean-Joseph-Xavier BIDAULD (1758-1846)

Vue de la Rocca Abbaziale à Subiaco, entre 1785 et 1790
Huile sur papier marouflé sur carton
17 × 25 cm

Vendu

Originaire de Carpentras, Jean-Joseph-Xavier Bidauld reçut ses premières leçons de dessin à Lyon au côté de son frère aîné Jean-Pierre-Xavier. En 1783, il quitte le sud de la France et s’installe à Paris où il est employé comme copiste chez Antoine-Charles Dulac, marchand de tableaux. À cette époque, il fréquente Joseph Vernet et Jean-Honoré Fragonard qui l’incitent à découvrir l’Italie pour compléter sa formation. Avec l’aide du cardinal de Bernis et de son ami Dulac qui financent son voyage, Bidauld peut passer cinq années dans la péninsule italienne, de 1785 à 1790. Depuis la capitale, le peintre emprunte les différents chemins qui traversent la campagne du Latium pour dessiner et atteint la ville de Subiaco. À quelque cinquante kilomètres à l’est de Rome, le site, qui allie nature grandiose, vestiges antiques et architectures monumentales, attire depuis plusieurs années les visiteurs étrangers.

Comme Pierre-Henri de Valenciennes et Alexandre-Hyacinthe Dunouy venus avant lui, Bidauld tente de retranscrire l’austère beauté de Subiaco. Pour peindre, il choisit de s’installer à flanc de coteau, au nord de la petite cité, sur un terre-plein au bord du chemin (aujourd’hui via dei Cappuccini) qui monte vers le hameau de Cappuccini, point d’observation offrant une vue plongeante sur la ville et la face nord de la Rocca Abbaziale, ancien château des Borgia, demeure médiévale transformée en 1778 en palais abbatial par le pape Pie VI.

L’artiste saisit les contours et les surfaces en facettes de la forteresse qui s’étage sur le pic rocheux. Il compose son sujet en alternant les façades blanches et les façades ocre ponctuées par les tons verts d’une végétation abondante qui se détache et la masse grise des montagnes dominée par le ciel. Si les multiples bâtiments qui constituent la citadelle sont traités avec une rigueur synthétique, le peintre n’omet pas de préciser un certain nombre de détails tels que les fenêtres et les cheminées desquelles on peut voir s’échapper en plusieurs points des fumerolles blanches. Ces délicates fumées qui insufflent la vie au paysage, en suggérant la présence humaine, peuvent apparaître comme une signature de Bidauld. Nous les retrouvons dans une Vue d’Isola di Sora (New York, Sotheby’s, 28 janvier 2000, lot 113) peinte la même année, ou encore dans une Vue de la vallée de l’Arno depuis Vallombrosa. Le Metropolitan Museum of Art de New York conserve une autre vue de la citadelle-abbatiale de Subiaco, la face ouest prise en contre-plongée, auparavant attribuée au peintre Alexandre-Hyacinthe Dunouy. Cette œuvre sur papier, de format identique à celle présentée ici, en partage les mêmes caractéristiques techniques et laisse apparaître ces légers panaches blancs qui s’échappent des maisons. Ces deux vues, incontestablement d’une seule et unique main, ont dû être réalisées à peu de temps d’écart lors du premier séjour de Bidauld à Subiaco en 1789 et semblent fonctionner comme de parfaits pendants. 

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