Jules-Cyrille CAVÉ (1859-1946)

Marine, vers 1890-1900
Huile sur toile marouflée sur carton
12 x 16 cm
Provenance : fonds d’atelier de l’artiste

Vendu

Jules Cavé fait partie de cette pléiade d’artistes de la fin du XIXe siècle qui, bien qu’ayant connu le succès et les honneurs en leur temps, sont totalement oubliés aujourd’hui. Héritier d’une famille de négociants en vin, son père devient juge au tribunal de commerce de la Seine. Refusant d’emprunter la voie familiale, Jules Cavé s’inscrit à l’École des Beaux-Arts et devient l’élève de William Bouguereau et de Tony Robert-Fleury, deux célèbres peintres académiques. En 1885, âgé de vingt-six ans, il débute au Salon des artistes français en exposant un portrait d’homme. À cette époque, le peintre vit toujours chez ses parents au 54 de la rue du Ranelagh. L’année suivante, il présente un important tableau d’histoire Une Martyre aux catacombes pour lequel il remporte une médaille de troisième classe. Par la suite, les sujets de ses œuvres alternent entre portraits de commande et scènes de genre dans l’esprit de son maître Bouguereau. Ses peintures à l’aspect de porcelaine lui attirent une clientèle étrangère friande des jeunes bergères innocentes représentées sur fond de paysage. La dispersion de son fonds d’atelier, redécouvert récemment chez ses lointains descendants, aura permis de mettre en lumière tout un pan inattendu de sa production. Constitué d’un ensemble de petits formats sur toile non montés, ce fonds montre, au-delà d’un grand nombre d’esquisses de figures préparatoires à ses tableaux académiques, des dizaines de paysages d’une grande sensibilité. Parmi eux, des sous-bois et des vues champêtres, mais également quelques marines et un ciel. Cette dernière toile, peinte à la fin du siècle, présente à ses quatre coins des trous d’épingles qui témoignent de son attache, encore vierge, sur une tablette de bois. Le peintre muni de son support s’installa donc en extérieur, sur le motif, et fut saisi par l’étendue bleue du ciel traversée par les nuages. Comme Pierre-Henri de Valenciennes ou Simon Denis, un siècle avant lui, il dut se hâter pour capter, en quelques coups de pinceau, ce qui par nature est insaisissable. Bien sûr, il s’agit d’une étude, mais l’artiste prit soin de l’achever sans laisser de réserve visible. Après 1920, le peintre qui reste fidèle à son enseignement académique, ne rencontre plus le succès et disparaît peu à peu des gazettes. Les nouvelles générations d’artistes, tenants de la modernité, font peu à peu oublier les peintres tels que Jules Cavé. Ce dernier parvint cependant à vivre de son travail, grâce principalement à des commandes de portraits, jusqu’à sa mort en 1946.

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