Vue de la colonne Trajane, vers 1845-1850
Aquarelle sur papier
27,4 x 37,3 cm
Signé en bas à gauche Marchi
Vendu
Né en 1818, Vincenzo Marchi est un artiste italien aussi prolifique que discret. Peintre et aquarelliste, il participe régulièrement aux expositions romaines à partir de 1843. Spécialiste des représentations en perspective d’intérieurs d’église ou de palais, mais également paysagiste, Marchi apparaît comme l’un des derniers grands représentants de la tradition védutiste en Italie. Ce terme qui apparaît à Venise au XVIIIe siècle pour désigner les œuvres de Canaletto, Bernardo Bellotto et Francesco Guardi peut être mis en relation avec le développement du Grand Tour. À Rome, les Piranese, père et fils, popularisent le genre qu’ils diffusent par la gravure. Les visiteurs fortunés s’apprêtant à quitter l’Italie sont friands de ces vues illustrant les hauts lieux de l’histoire italienne, qu’ils achètent aux peintres pour témoigner de leur séjour. Dans son atelier de la via Margutta au cœur de Rome, Vincenzo Marchi entouré de ses élèves répète avec précision ces vues savamment composées. Certaines d’entre elles, dont plusieurs vues du Forum, seront reproduites en gravure par Alessandro Moschetti dans son ouvrage Principali Monumenti di Roma publié pour la première fois en 1843.
Centre religieux et politique pour les Romains de l’Antiquité, le Forum est laissé à l’abandon après la chute de l’Empire. Siècle après siècle, ces monuments de pierre et de marbre s’écroulent et la nature reprend ses droits. Au Moyen Âge, il sert de carrière pour construire les maisons et les églises de la ville qui se transforme. Ce lieu que les Romains ont surnommé le Campo Vaccino (pré aux vaches) ressort lentement de terre au XIXe siècle. À l’instigation des Français qui occupent l’Italie, les chantiers de fouille s’accélèrent, les monuments sont dégagés, les colonnes redressées et des chemins aménagés pour faciliter l’accès des visiteurs. Du Capitole à l’arc de Septime Sévère, les temples de la Fortune et du Soleil, les deux colonnes du temple de Jupiter Stator et les ruines du Colisée, les gloires du passé resurgissent.
Sur une première aquarelle de Marchi, les ruines se mêlent aux coupoles et aux clochers des églises. Au premier plan, trois hommes, probablement des archéologues, munis d’une brouette et de longs bâtons, prennent des mesures. Plus bas, quelques hommes et femmes, des touristes, visitent le site alors qu’au loin charrettes et cavaliers évoluent sur la partie du terrain, bordée d’arbres, qui n’a pas encore été dégagée. Pour une autre aquarelle, Marchi change d’angle de vue et centre sa composition sur la colonne Trajane entourée par deux églises, Santa Maria di Loreto et Santissimo Nome di Maria, surnommées les deux Marie. Au premier plan, une forêt de colonnes tronquées marque l’emplacement de l’ancienne basilique Ulpia. Sur la gauche, des bornes modernes délimitent la route depuis laquelle Romains et visiteurs peuvent admirer les ruines du forum Trajan.