Charles GLEYRE (1806-1874)

Portrait du peintre Sébastien Cornu, vers 1832
Mine graphite sur papier 
26,4 x 19,8 cm
Provenance : vente Tajan, Paris, 18 novembre 2011, n°110
Exposition : Charles Gleyre (1806-1874) : Le Romantique repenti, Paris, Musée d’Orsay Hazan, 2016, cat. 2, p. 78 et p. 255

Vendu

Sébastien Cornu (1804-1870), fils d’un grainetier d’origine franc-comtoise, entre à douze ans dans l’atelier de Fleury Richard à l’école des Beaux-Arts de Lyon. Récompensé par plusieurs prix, il poursuit sa formation avec le peintre Claude Bonnefond avant de partir pour Paris en 1826. Accepté par Ingres dans son atelier, le jeune homme y retrouve d’autres élèves lyonnais tels que les frères Flandrin, Louis Janmot, Claudius Lavergne ou Joseph Guichard. Au bout de deux ans, son nouveau maître l’incite à voyager en Italie pour se former au contact des artistes de la Renaissance. Soutenu financièrement par Claude Bonnefond, Sébastien Cornu prend la route en compagnie du peintre Charles Gleyre avec lequel il arrive à Rome après avoir traversé la France à pied. Ce séjour qui dure de 1829 à 1835 scelle l’amitié des deux artistes, mais s’avère difficile pour Cornu souvent en manque d’argent. De cette époque, datent deux portraits : le premier de Charles Gleyre peint par Cornu, le second, un dessin inversant auteur et modèle. 

Assis dans un fauteuil dont seule une partie du dossier est visible, Sébastien Cornu prend la pose de trois quarts en tournant légèrement la tête pour regarder dans notre direction. Élégamment vêtu d’une veste et d’un gilet, il porte un collier de barbe qui masque sa jeunesse. Cadré à mi-corps, l’ensemble du portrait est tracé d’un crayon léger, simplement accentué pour rendre l’intensité du regard et la noirceur de la barbe du modèle. En 1832, Gleyre dessine également un portrait de la belle Albertine-Hortense Lacroix, filleule de la reine Hortense et future épouse de son ami. Cornu, lui, peint son autoportrait. On retrouve dans la feuille de Gleyre l’influence indéniable d’Ingres qui ne fut pourtant pas son maître. 

Charles Gleyre, fils d’un modeste cultivateur du canton de Vaud en Suisse, était entré en 1825 dans l’atelier de Louis Hersent à Paris. En marge de ses études, il avait rencontré Sébastien Cornu qui s’apprêtait à partir en Italie. N’ayant pas la nationalité française et ne pouvant donc pas concourir au Prix de Rome, il décide d’accompagner son nouvel ami. Durant ce voyage, si Cornu a la chance de rencontrer sa femme, Gleyre trouve en la personne de John Lowell Junior, un soutien et un mécène. Riche industriel américain et amateur d’art, ce dernier accepte de financer les deux peintres pour une traversée de la Méditerranée en direction de la Grèce et de l’Asie Mineure. En échange, ils lui offrent des dessins et des aquarelles illustrant les sites découverts. De retour en France après ce long périple, les deux hommes connaissent une brillante carrière académique. Sébastien Cornu, grâce à sa femme, intègre le cercle proche de la famille impériale et Charles Gleyre, devenu professeur, forme dans son académie la génération de ceux qui deviendront les impressionnistes : Alfred Sisley, Claude Monet, Frédéric Bazille et Auguste Renoir.

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