Anne-Louis GIRODET (1767-1824)

Vendu

Mentor sépare Télémaque d’Eucharis, vers 1810
Crayon noir sur papier
Reprises à l’encre probablement postérieures
15,8 x 21,3 cm (à vue)

Vendu

Les Aventures de Télémaque est un roman de Fénelon écrit vers 1694 et publié contre le souhait de son auteur en 1699. Présenté comme un roman épique, le texte devait servir de manuel de morale à l’usage du jeune duc de Bourgogne, le petit-fils de Louis XIV. L’histoire s’inspire ouvertement de l’Odyssée d’Homère et de l’Énéide de Virgile mais concentre le récit autour de la figure de Télémaque, le fils d’Ulysse parti à la recherche de son père disparu. Perçu comme une satire politique, le livre provoqua la disgrâce de Fénelon à la cour tout en lui offrant immédiatement célébrité et popularité.
Durant le XVIIIe siècle, l’épopée de Télémaque va influencer les auteurs des Lumières et inspirer quelques artistes tels que Charles Natoire et Angelica Kauffmann. C’est cependant au début du siècle suivant que les peintres et les illustrateurs vont se saisir en nombre du sujet. Vers 1810, Anne-Louis Girodet, l’un des plus célèbres élèves de David, décide également d’interpréter un épisode du texte de Fénelon. Comme Charles Meynier dans une grande toile peinte dix ans plus tôt, Girodet choisit d’illustrer le moment où Télémaque, venu s’échouer sur l’île de Calypso, doit se résigner à quitter les lieux pour repartir à la recherche de son père. Ce départ, rendu douloureux par l’amour du jeune homme pour la nymphe Eucharis, est pressé par la déesse Athéna sous les traits du sage Mentor. Sur l’ébauche de Girodet, tracée d’un crayon nerveux, la jeune nymphe assise sur une pierre a délaissé sa lyre et cache son visage pour pleurer. Télémaque, représenté nu et casqué, désigne de sa main la côte où son navire l’attend. Mentor, reconnaissable à sa barbe, s’interpose entre les deux amants pour hâter la séparation. Le dessin montre des hésitations sur l’attitude des personnages et suggère schématiquement le décor grâce à quelques traits pour évoquer les rochers et un tronc d’arbre à droite de la composition. À notre connaissance, cette étude ne donna jamais lieu à une œuvre achevée. Elle peut être cependant rapprochée d’un dessin vendu en 2001 à Paris sous le titre de Télémaque, accompagné de Mentor, raconte ses aventures à Calypso.
Jusqu’à sa mort en 1824, Girodet travailla sans relâche à la réalisation d’un ensemble de dessins inspiré de l’Énéide. Sur les deux cents envisagés, l’artiste parvint à en réaliser cent- soixante-douze. La présence de la figure d’Eucharis, invention de Fénelon, exclut de facto notre étude du corpus de ces œuvres même si elle reprend le format et le style d’un certain nombre d’entre elles.