Jean-Baptiste PAULIN GUÉRIN (1783-1855)

Portrait de femme, tête d’expression, vers 1826 Huile sur toile
73 x 59 cm
Signé en bas à gauche Paulin Guérin
Exposition : probablement Salon de 1827, no 521

Né à Toulon dans un foyer modeste, Jean-Baptiste Pau- lin Guérin ambitionne de devenir serrurier comme son père, mais découvre sa vocation à Marseille, où il reçoit ses premières leçons de dessin. Son talent précoce lui vaut rapide- ment la commande d’une copie dont le paiement permet de financer un voyage jusqu’à Paris. En 1802, le jeune artiste se présente chez le peintre François Gérard qui lui offre un emploi d’assistant puis le recommande auprès de son confrère François André Vincent. Sans moyen financier pour payer des modèles ou un atelier, Paulin Guérin répète les autoportraits, de face ou de profil, à la lumière d’une bougie dans la pénombre de sa chambre. À vingt-sept ans, il débute enfin au Salon en envoyant plusieurs portraits qui sont appréciés et attirent à lui les premiers amateurs. Pour l’édition suivante, en 1812, le peintre présente une toile ambitieuse inspirée de l’Ancien Testament, Caïn après le meurtre d’Abel, et se voit chargé par Vivant Denon de réaliser la décoration d’un plafond au palais des Tuileries. La chute de Napoléon en 1814 empêche cependant l’aboutissement de ce premier grand projet.

La carrière de Paulin Guérin connaît un véritable essor avec le retour des Bourbons. Tout en travaillant à la restau- ration des peintures du château de Versailles, il expose, à chaque Salon, des toiles d’inspiration religieuse ou mythologique ainsi qu’un très grand nombre de portraits. Auguste de Forbin, nouveau directeur général des musées royaux, lui fait, au nom de l’État, des achats réguliers et lui commande son portrait puis celui du roi et de la duchesse de Berry.

Au Salon de 1827, si son Adam et Ève exilés du paradis est reçu avec timidité, ce n’est pas le cas de ses différents por- traits, plus d’une dizaine, qui sont salués par des critiques élogieuses. Celui de l’abbé François de Lamennais, en parti- culier, retient largement l’attention. La même année, le livret indique au numéro 521 que Paulin Guérin expose également « Plusieurs portraits, même numéro » sans autres détails. Par- mi eux devait figurer celui de cette jeune femme représentée en buste, les yeux levés vers le ciel. Placé en pleine lumière, le modèle se détache sur un fond vert sombre avec un ta- lentueux effet de clair-obscur. Sa main droite, appuyée sur la poitrine, marque une douleur retenue propre au jeu des actrices du temps. L’identité de cette jeune femme, véritable effigie romantique, ne nous est malheureusement pas parve- nue. Une comédienne peut-être, ou un membre de la famille du peintre. Les registres du Salon de 1827 nous précisent que Paulin Guérin a livré tardivement une toile titrée Portrait de femme, tête d’expression sous le numéro 2937. Les dimensions (si on inclut le cadre) correspondent parfaitement à celle de cette figure féminine dont la composition était connue jusqu’ici par une copie d’Antoine Plamondon, conservée au musée des Beaux-Arts du Canada, à Ottawa. Plamondon, jeune artiste québécois de passage à Paris en 1826, put copier ce portrait alors que son maître Paulin Guérin y travaillait, l’année précédant le Salon.