Paysage du Bugey, vers 1841
Huile sur papier marouflé sur toile
28 x 25,2 cm
Signé et localisé en bas à gauche Paul Flandrin . f / Bugey
Vendu
Avec Édouard Bertin et Alexandre Desgoffe, Paul Flandrin est l’un des rares élèves d’Ingres à s’être spécialisé dans l’art du paysage. Issu d’une famille de peintres lyonnais, Paul prend ses premières leçons de dessin auprès de son frère aîné Auguste. Après des études à l’école des Beaux-Arts de Lyon, il se rend avec son autre frère Hippolyte à Paris où ensemble ils rejoignent l’atelier d’Ingres en 1829. Quelques années plus tard, Hippolyte remporte le Grand Prix de peinture d’histoire et intègre, en 1832, la Villa Médicis à Rome. Paul, vainqueur cette année-là du concours d’esquisses de paysage historique, échoue cependant au Grand Prix. Il décide néanmoins de rejoindre son frère auprès d’Ingres pour parfaire sa formation. Son attirance pour le paysage ne fait que se renforcer en découvrant la campagne romaine et les lumières de l’Italie. Dès son retour en France en 1839, Paul expose régulièrement au Salon mais tarde à connaître un véritable succès.
Enfant, Paul fut mis en nourrice à Hauteville dans le Bugey, région située à l’est de Lyon. À partir de 1839, il revient régulièrement voir les paysages de ses premières années, là où son ami le peintre Florentin Servan vient s’installer. Le souvenir de l’Italie reste présent lorsque l’artiste, de la pointe du pinceau, décide de fixer un morceau de cette campagne au cœur du Bugey. Étagé sur les trois-quarts inférieurs de la composition, l’espace représenté par Flandrin est fait d’une végétation sauvage en camaïeu de vert ponctué de chemins de terre ocre-rose. L’ensemble est dominé par un ciel au bleu intense traversé par quelques nuages. Au loin, dans l’axe central de la composition, une jeune femme vêtue d’une robe bleue et d’un chemisier blanc traverse le pré. Peinte à l’huile sur papier – technique de prédilection des peintres voyageurs – cette œuvre est à rapprocher d’une autre titrée Vallée près de Lacoux, dans le Bugey et datée de 1841.
L’ensemble des paysages de Paul Flandrin dégage une impression de calme et de sérénité. Ses petites figures isolées, par jeu de miroir et d’identification, nous invitent à la contemplation. Héritier des paysagistes du début de son siècle, tels que Pierre-Henri de Valenciennes et Jean Victor Bertin, Flandrin poursuivit sa carrière jusqu’à sa mort en 1902. Son approche spécifique de la nature lui valut les moqueries de Charles Baudelaire qui put écrire en 1868 dans Curiosités esthétiques : « Mais quel est donc l’extravagant et le fanatique qui s’est avisé le premier d’ ingriser la campagne ? ».