François-Nicolas CHIFFLART (1825-1901)

Vendu

Figure d’apôtre, vers 1852
Huile sur papier marouflé sur toile
55 x 45 cm
Signé en haut à droite FChifflart

Vendu

Né à Saint-Omer en 1825, François-Nicolas Chifflart reçoit ses premières leçons de son père, serrurier et graveur. À l’école municipale, il suit des cours de violon ainsi que de dessin et remporte plusieurs prix dans ces deux disciplines. En récompense, sa ville natale lui octroie une bourse qui lui permet de partir étudier à Paris. Âgé de dix-sept ans, il intègre d’abord l’atelier du peintre paysagiste Nicolas Renié avant d’entrer à l’École des Beaux-Arts en 1844. Sous la direction de Léon Cogniet, il se prépare à concourir pour le Grand Prix de peinture tout en faisant ses débuts au Salon. Au cours de l’année 1848, Chifflart s’engage politiquement et participe activement à la révolution. Après deux échecs en 1849 et 1850, il remporte finalement le Prix de Rome en 1851 sur le thème de « Périclès au lit de mort de son fils ». Comme tous les lauréats, il se rend à la Villa Médicis où il est reçu par Jean Alaux, alors directeur. Les rares témoignages sur le pensionnat de l’artiste évoquent ses relations difficiles avec Alaux et son successeur Jean-Victor Schnetz. Il semble que le jeune artiste reste peu de temps entre les murs de la Villa et préfère visiter l’Italie. Les archives de l’Académie montrent cependant qu’il exécuta avec assiduité les différents exercices imposés par l’institution. 

Une huile sur papier représentant un homme barbu à la longue chevelure noire peut être datée de la période de son séjour italien. Sans pouvoir être associée directement avec un exercice de l’école, elle montre l’influence des œuvres dues aux maîtres italiens du XVIIe siècle et plus particulièrement aux apostolados de José de Ribera. À l’image du peintre napolitain, Chifflart place sa figure, cadrée en buste, sur un fond brun-vert. Les épaules dénudées et les mains jointes de l’homme évoquent un apôtre ou un saint des premiers temps du christianisme. Les forts empâtements qui accrochent la lumière sur les chairs du modèle contrastent avec le traitement du drapé brun couvrant ses bras. La surface lisse du papier permet au peintre de venir gratter à la lame la peinture encore fraîche pour restituer l’aspect brut du tissu qui laisse apparaître la blancheur ocrée du support. 

Après son retour en France, Chifflart reste discret jusqu’en 1859, année où il expose deux toiles – un portrait de femme et une vue d’Italie – ainsi que deux dessins sur le thème de Faust. Si ces peintures passent inaperçues, ce n’est pas le cas des deux compositions graphiques qui retiennent l’attention enthousiaste de Charles Baudelaire et de Théophile Gautier. À la même époque, son beau-frère Alfred Cadart publie un album qui reproduit ses premières gravures. Mis à l’écart pour ses prises de position politiques, Chifflart est probablement le seul lauréat du Prix de Rome au XIXe siècle à ne pas avoir connu de véritable carrière académique. Il apparaît aujourd’hui comme l’un des graveurs les plus originaux de son temps. Proche de Victor Hugo, Chifflart illustre plusieurs de ses ouvrages dont Les Travailleurs de la mer