Dominique PAPETY (1815-1849)

Le Frappement du rocher, 1836
Esquisse pour le concours du Prix de Rome de 1836
Huile sur papier marouflé sur toile
32,5 x 41 cm (27 x 35 cm à vue)
Porte un monogramme en bas à gauche D P

Acquisition par le musée des Beaux-Arts de Marseille Palais Longchamp

Dominique Papety entre à l’école de dessin de Marseille à l’âge de onze ans sous la direction du peintre Augustin Aubert. En 1834, le jeune artiste expose au salon marseillais deux œuvres qui remportent un franc succès et lui permettent de poursuivre sa formation à Paris sur la recommandation d’Auguste de Forbin. Inscrit à l’École royale des Beaux-Arts en 1835, Papety intègre l’atelier de Léon Cogniet et reçoit dès sa première année deux mentions et deux médailles aux différents concours semestriels. Au printemps suivant, il est retenu avec dix-neuf autres élèves pour participer au prestigieux concours de peinture et compte parmi ses concurrents les peintres Thomas Couture, Isidore Pils, ou encore Auguste Galimard. Deux semaines plus tard, il fait partie des dix candidats élus pour traiter le sujet de l’ultime épreuve du concours. 

Tiré au sort, le thème de l’année 1836 est le frappement du rocher. Selon la Bible, le peuple d’Israël guidé par Moïse après sa fuite d’Égypte souffre de la soif en traversant le désert. Moïse se met alors à prier Dieu qui lui répond : « Rassemble le peuple ! Puis, devant tout Israël, parle au rocher là-bas. Il en sortira de l’eau en quantité suffisante pour le peuple et pour le bétail ». Une fois le sujet connu et détaillé,Papety doit dans un premier temps réaliser un modèle réduit de sa composition. Durant trente-six heures, il multiplie les études avant de soumettre son esquisse définitive. Celle-ci est alors scellée jusqu’à la fin des épreuves et doit présenter le moins de différences possible avec le grand format au risque, pour son auteur, d’être éliminé du concours. Moïse, tenant son bâton, est accompagné d’Aaron et domine la composition depuis un massif rocheux qui ferme le paysage sur la droite. Au premier plan, les hommes, femmes et enfants font circuler des cruches emplies de l’eau miraculeuse. Sur la gauche, le peuple d’Israël s’étend jusqu’à l’horizon. Pour mettre en avant l’impression de chaleur écrasante, le peintre utilise une gamme de couleurs allant de l’ocre au rouge. Drapée de blanc, la figure de Moïse attire immédiatement le regard. Pendant les soixante-dix jours suivants, Papety exécute sa toile aux dimensions définitives. Conservée aujourd’hui à l’École des Beaux-Arts, elle ne montre que d’infimes variations avec l’esquisse. Quelques détails dans les costumes ou les accessoires ont évolué, de même que la posture de Moïse qui a légèrement pivoté sur lui-même. L’ensemble reste cependant très fidèle à la première pensée. 

Le 24 septembre 1836, les membres de l’Académie rendent leur verdict et désignent Dominique Papety comme vainqueur de l’épreuve. Le lauréat, qui participait pour la première fois, semble le plus surpris par cette décision. En récompense, Papety peut se rendre à Rome comme pensionnaire de la Villa Médicis alors dirigée par Jean-Auguste-Dominique Ingres. Il y passe les cinq années suivantes et est très rapidement remarqué par son nouveau maître. Après un bref retour en France, le jeune artiste voyage en Orient mais tombe gravement malade en 1849 et meurt prématurément à l’âge de trente-quatre ans.

Retour en haut