Achille BENOUVILLE (1815-1891)
Vue de Rome, 1862
Aquarelle sur papier
12 x 18 cm
Daté en haut à gauche Janvier 62
Cachet de la vente d’atelier en bas à droite (Lugt 228b)
Provenance : vente de l’atelier, 16 janvier 1901, Paris, hôtel Drouot, peut-être n° 180 (comme « Vue à Rome ») ; conservé par la famille de l’artiste, puis par descendance
Bibliographie : M.-M. Aubrun, op. cit., 1986, n° D. 67, p. 187 (comme « Paysage en Italie »), reproduit pp. 58 et 187
Vendu
Les fratries d’artistes sont fréquentes au XIXe siècle, à l’image des Flandrin ou des Johannot. Les peintres Achille et Léon Benouville, nés respectivement en 1815 et 1821, fréquentent ensemble l’atelier d’Édouard Picot et remportent le Prix de Rome la même année : l’aîné pour le paysage historique et le cadet pour la peinture d’histoire. Si Achille choisit de rester en Italie après son pensionnat à la Villa Médicis, son jeune frère décide de rentrer à Paris et connaît un immense succès. Les œuvres que ce dernier expose au Salon sont très appréciées et lui permettent d’obtenir de nombreuses commandes publiques et privées. Depuis la France, Léon écrit régulièrement à son frère et l’incite, par exemple dans une lettre du 12 janvier 1856, à « faire des aquarelles achevées ». Il insiste également pour qu’il les expose au Salon et qu’il en demande des prix aussi conséquents que s’il s’agissait de peintures. Achille l’écoute et revient presque chaque année à Paris pour présenter ses œuvres réalisées en Italie. Malheureusement, Léon meurt à trente-sept ans de la fièvre typhoïde en 1859 et laisse son frère longtemps inconsolable.
En 1862, à Rome, la politique d’unification de l’Italie menée par Victor-Emmanuel II provoque des tensions avec les États pontificaux. Au mois de janvier, le président du Conseil, Bettino Ricasoli, s’apprête à démissionner. Loin de ces préoccupations, Achille Benouville profite de la douceur de l’hiver romain pour se promener sur l’une des collines qui domine la ville. Là, son matériel d’aquarelliste installé, il saisit le panorama ponctué au loin par le dôme de la basilique Saint-Pierre. Sur le chemin de la corniche, une femme en bleu se promène elle aussi. Peut-être s’agit-il de l’épouse du peintre. Les arbres accrochés aux pentes de terre ont, pour certains, perdu leur feuillage en attendant le retour du printemps. Au gré de ses escapades dans la cité ou dans la campagne, en longeant les bords du Tibre, Benouville réalise de nombreuses aquarelles sur lesquelles la ville, proche ou lointaine, se signale par la présence du monumental dôme de Saint-Pierre. Sa taille, qui évolue selon la distance parcourue, permet d’en détailler les décors voulus par Michel-Ange ou se réduit à une silhouette dominée par le ciel.
Achille Benouville reste en Italie jusqu’en 1870, année de la mort de son épouse. De retour à Paris, il s’installe rue Visconti et poursuit sa carrière en répétant les motifs des paysages vus en Italie. Le peintre entreprend également plusieurs voyages dans les Pyrénées qui lui inspirent de nouvelles compositions et retourne quelques fois en Italie. Durant les vingt dernières années de sa vie, il participe régulièrement au Salon avant de s’éteindre en 1891 à l’âge de soixante-quinze ans.