Jean-Robert ANGO (vers 1710-1773)

Le Piédestal de la colonne Trajane, vers 1760-1770
Sanguine sur papier
47,4 x 62,8 cm

Vendu

Jean-Robert Ango demeure un artiste mystérieux. Les rares informations biographiques que nous possédons proviennent de son ami le peintre Jean-Antoine Julien, dit Julien de Parme. Dessinateur et graveur français né au début du XVIIIe siècle, Ango s’installe à Rome au milieu des années 1750. Ses œuvres identifiées sont majoritairement des dessins d’interprétation, d’après les maîtres et ses contemporains, réalisés à Rome entre 1758 et 1773. Tracées à la sanguine ou à la pierre noire, ces feuilles ont très longtemps été attribuées à Jean-Honoré Fragonard et à Hubert Robert. La signature d’Ango, « H. Roberti », associe l’initiale de son surnom, Hannibal, et son prénom italianisé. Cette graphie peut en grande partie expliquer la confusion avec Hubert Robert. À la fin de sa carrière, il fournit vingt-sept gravures à l’eau-forte et à l’aquatinte pour illustrer le Voyage pittoresque ou Description des royaumes de Naples et de Sicile de l’abbé Jean-Claude Richard de Saint-Non, publié de 1781 à 1786.

Durant son long séjour, Jean-Robert Ango, qui s’est spécialisé dans la retranscription sur le papier des fresques et des sculptures ornant les palais et les églises de la ville, réalise également un certain nombre de paysages de Rome et ses alentours. L’artiste, comme les nombreux voyageurs arrivant de toute l’Europe, s’intéresse à la partie antique de la cité et visite le Forum où il peut s’arrêter au pied de la colonne Trajane. Haut de quarante mètres, le monument est construit au début du IIe siècle pour commémorer les victoires de l’empereur Trajan sur les Daces. Le fût de la colonne est orné d’un bas-relief qui s’enroule en spirale et repose sur un piédestal richement sculpté. L’un des côtés est percé d’une entrée entourée de trophées, elle-même surmontée d’une dédicace soutenue par deux Victoires ailées.

Sur une feuille de grande dimension, Jean-Robert Ango trace à la sanguine cette face du piédestal et en restitue les détails. Les parties manquantes ou endommagées par le temps sont pour certaines d’entre elles laissées vides ou hachurées mais sont généralement complétées par l’artiste. La trace de l’ancienne toiture de la chapelle San Niccolò de Columna, adossée à l’édifice au IXe siècle puis détruite au XVe siècle, forme une saignée triangulaire que l’artiste a choisi de combler en complétant le texte de la dédicace. L’œuvre n’est ni une restitution de l’état du monument tel qu’on pouvait le voir au XVIIIe siècle ni une reconstitution de son état d’origine. Le célèbre graveur Giovanni Battista Piranesi réalise entre 1774 et 1776 une série de gravures illustrant la colonne Trajane qui témoigne de l’état réel du piédestal à l’époque d’Ango.

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