Antoine BERJON (1754-1843)
Portrait d’enfant en allégorie de l’Amour, vers 1794
Lavis d’encre et rehauts de gouache blanche sur papier
33,5 x 26,5 cm
Cachet de la signature en bas au milieu (Lugt 3812)
Vendu
À la fin du XVIIIe siècle, représenter les enfants en allégorie de l’Amour ou en génie de la Renommée rencontre un certain succès. Entre 1786 et 1789, le jeune prince Henryk Lubomirski, né en 1777, a par exemple été représenté plusieurs fois selon cette nouvelle esthétique par des artistes renommés de l’époque : Antonio Canova, Angelika Kauffmann et Élisabeth Vigée Lebrun. Selon le désir de sa tante et tutrice, la princesse Izabela Lubomirska, l’enfant y est figuré nu, selon le goût de l’antique, tantôt ailé, tantôt portant un arc.
Quelques années plus tard, le peintre lyonnais Antoine Berjon adopte ce même principe pour réaliser le portrait poétique d’un jeune garçon. À la différence des trois représentations citées précédemment, son dessin ne retient que le visage de l’enfant couronné d’un nimbe et d’une étoile, auxquels il associe une paire d’ailes, une flèche et quelques roses sur un fond de nuages. Antoine Berjon s’est rendu célèbre dans sa ville natale comme peintre de fleurs et de natures mortes en fournissant des motifs aux célèbres fabriques de soieries lyonnaises. Pendant la Révolution, le peintre s’installe à Paris où il exécute des portraits peints et dessinés. Probable objet d’une commande, ce dessin très abouti associe la plume, le lavis d’encre et la gouache. Le traitement des ailes d’oiseau et du petit bouquet de roses témoigne de sa prédilection pour la nature morte. Un autre portrait à l’aquarelle représentant une jeune fille tenant un pot de fleurs, daté de 1794 et présentée par la galerie W.M. Brady & Co. à New York, apparaît stylistiquement très proche du Portrait d’enfant en allégorie de l’Amour. De nombreuses années plus tard, Antoine Berjon reprend ce principe de composition pour le Portrait d’Ondine Valmore, tableau conservé au musée de la Chartreuse à Douai. Dans ce dernier cas, la tête de la jeune fille, associée à une paire d’ailes de colombe et à une couronne de lauriers, se détache sur un fond de ciel.
De retour à Lyon en 1810, Antoine Berjon est nommé professeur de dessin à l’école des Beaux-Arts. Treize ans plus tard, victime d’une cabale fomentée par son confrère Pierre Révoil, il doit quitter son poste. Dès lors, il vit retiré loin de la bonne société lyonnaise et continue de travailler en solitaire jusqu’à sa mort en 1843.