Charles-Auguste TAUNAY (1768-1824)

Portrait de Boniface de Castellane (1788-1862), 1809
Pierre noire et craies de couleur sur papier
ø 13,5 cm 
Signé en bas à droite A. Taunay. 1809
Ancienne mention Castellane au revers du montage

Vendu

Esprit-Boniface de Castellane est le fils du comte Boniface Louis André de Castellane-Novejan, député du tiers état pendant la Révolution et l’un des rédacteurs de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, et d’Adélaïde-Louise-Guyonne de Rohan-Chabot, une femme de lettres. Sa mère tente d’apporter une éducation universaliste au jeune Boniface qui n’aime cependant pas les études et préfère jouer au soldat. De son aveu même, « Il n’a d’inclination que pour les jeux qui singent les exercices militaires. […] Si on le mène au salon des tableaux, il ne s’arrête que pour regarder ceux qui représentent quelques objets militaires ; les plus beaux tableaux qui ne traitent pas de ces sujets, ne le fixent pas un seul instant ». Le jour même du couronnement de Napoléon, le 2 décembre 1804, le jeune homme de seize ans s’engage dans l’armée. Nommé sous-lieutenant dans le 24e régiment de dragons, il combat en Italie et en Espagne avant de devenir officier d’ordonnance de l’Empereur en 1808. L’année suivante, il accompagne Napoléon en Autriche et reçoit la Légion d’honneur avant de pouvoir enfin regagner Paris. 

Le portrait en miniature qui le représente de profil date de l’époque de son retour en France. Boniface, âgé de vingt-et-un ans, pose de profil dans son costume militaire et arbore sa médaille de chevalier de la Légion d’honneur. Réalisée sur papier, à la pierre noire rehaussée de couleur, l’œuvre porte la signature A. Taunay et la date de 1809. Autrefois attribué au peintre Nicolas-Antoine Taunay, ce portrait est en fait l’œuvre de son frère cadet, le sculpteur Charles-Auguste Taunay. Formé dans l’atelier de Jean-Guillaume Moitte, Auguste gagne le premier grand Prix de sculpture en 1791 et part en Italie comme pensionnaire de l’Académie de France au palais Mancini. De retour à Paris en 1799, il se consacre d’abord à la reproduction d’œuvres antiques avant d’obtenir un contrat à la manufacture de Sèvres. En 1807, il reçoit plusieurs commandes officielles pour les nouveaux décors du palais du Louvre et fournit des bas-reliefs pour l’arc de triomphe du Carrousel. À la chute de l’Empire, il accompagne son frère et ses neveux au Brésil en intégrant la mission artistique française. Nommé premier professeur de sculpture de l’Académie de Rio de Janeiro, il termine ses jours en Amérique du Sud. 

Boniface de Castellane poursuit une brillante carrière militaire sous les ordres de Napoléon puis passe au service de Louis XVIII. Un temps écarté car jugé trop bonapartiste, il est élevé au rang de pair de France par Louis-Philippe, puis à celui de maréchal le jour de la proclamation de l’Empire par Napoléon III, le 2 décembre 1852. Son arrière-petit-fils, connu sous le nom de Boni de Castellane, sera un célèbre dandy parisien et un homme politique influent de la Belle Époque.


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