Attribué à Léon BELLY (1827-1877)
Trois amulettes en faïence du dieu Toth, vers 1855-1858
Huile sur toile
22 x 27 cm
Provenance présumée : collection Narcisse Berchère (1819-1891)
Né à Saint-Omer mais ayant fait ses études à Metz, Léon Belly manifeste très tôt une curiosité pour l’Orient. Enfant, il écoutait les récits de voyage d’un certain Hubault, un proche de la famille. Le contexte de la conquête de l’Algérie et l’essor de l’orientalisme sur la scène artistique favorisent la fascination du jeune homme pour l’Orient. Après avoir obtenu son baccalauréat à Paris, Belly prépare le concours d’entrée de l’École polytechnique car sa mère souhaite qu’il ait une solide formation avant de débuter une carrière artistique. Léon Belly se tourne ensuite vers la peinture de paysage sous la direction de Constant Troyon. Il se rend à Barbizon et fréquente les peintres de ce mouvement. À partir de 1850, Léon Belly effectue une série de voyages en Italie, en Grèce, en Palestine, en Syrie, au Liban avec la mission scientifique dirigé par Félicien de Saulcy, chargé d’étudier la géographie historique du bassin de la mer Morte. En compagnie de plusieurs artistes, parmi lesquels Édouard-Auguste Imer, Narcisse Berchère, Auguste Bartholdi et Jean-Léon Gérôme, Léon Belly effectue en 1855-1856 un voyage en Basse-Égypte. En 1855, il réside au Caire, se rend au Sinaï en avril-mai 1856 et remonte le Nil jusqu’à Assouan de juillet à octobre de la même année. Son dernier séjour au Caire se situe de 1857 à 1858. Belly aurait même appris la langue locale pour converser avec les autochtones.
Provenant d’un ensemble d’œuvres majoritairement composé de peintures et de dessins du peintre Narcisse Berchère, le tableau représentant trois amulettes en faïence doit être stylistiquement rapproché de la production de Belly. Les deux artistes se sont échangés des œuvres de leur vivant, ce qui expliquerait cette provenance. La composition représente ici trois amulettes à l’effigie du dieu Toth. La divinité, reconnaissable à sa physionomie anthropomorphe et à sa tête d’ibis, est en position de marche, porte une perruque tripartite et un pagne chendjit. Les deux amulettes de gauche ont les bras le long du corps, et la dernière, à droite, tient une petite boîte. Souvent hautes d’une dizaine de centimètres (1), ces amulettes de faïence bleu clair étaient censées avoir des pouvoirs de protection pour les Égyptiens qui les plaçaient contre les momies. La popularité de ces amulettes – celles-ci devant dater de la Basse Époque –, s’explique par le rôle du dieu lors de la pesée du cœur devant déterminer si l’âme du défunt pourra accéder au paradis égyptien, les « champs d’Ialou » (2). Les ombres portées sur le fond ne correspondant pas entre elles, de même que les perspectives, il s’agit vraisemblablement de trois études distinctes sur le motif que le peintre aura choisi de réunir grâce à un fond neutre.
(1) Pour quelques exemples similaires, voir : https://www.christies.com/en/lot/lot-5046401 ; https://www.artcurial.com/fr/lot-amulette-de-thot-en-faience-egypte-basse-epoque-3916-160
(2) Notice du Metropolitan Museum of Art de New York sur une amulette similaire du dieu Toth : https://www.metmuseum.org/art/collection/search/552689.