François-Joseph NOLAU (1804-1883)
Notre-Dame de Paris et l’Hôtel-Dieu vus depuis le quartier Saint-Michel, vers 1840-1850
Huile sur panneau
24 x 37 cm
Cartouche avec nom de l’auteur sur le cadre d’origine
Vendu
François-Joseph Nolau naît à Paris et étudie l’architecture à l’École des Beaux-Arts. Sous la direction de ses maîtres Jean-Nicolas Huyot et Louis-Pierre Baltard, il remporte le Second Prix de Rome d’architecture en 1832. En épousant Félicie Justine Cicéri, la fille du célèbre décorateur de l’Opéra Pierre-Luc-Charles Cicéri, Nolau rejoint une véritable dynastie d’artistes qui compte aussi parmi ses membres le miniaturiste Jean-Baptiste Isabey et son fils Eugène. Après avoir participé à la publication de plusieurs ouvrages sur l’archéologie et l’architecture, il décide de travailler auprès de son beau-père comme décorateur de théâtre. Si Nolau semble avoir dans un premier temps abandonné ses activités d’architecte, il réalise quelques aquarelles et peintures représentant des vues d’architecture de Rome et de Paris à l’image de celles exposées lors de son unique participation au Salon en 1846.
Installé sur le quai Saint-Michel, le peintre regarde en direction de l’Hôtel-Dieu. Le bâtiment dont les origines remontent au IXe siècle a déjà perdu sa partie traversant la Seine, construite sur un pont et détruite en 1837. L’ensemble monumental ferme encore à cette époque le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Les deux tours du célèbre édifice immortalisé par Victor Hugo dix ans plus tôt dominent la composition. Massives silhouettes plongées dans l’ombre, elles contrastent avec la luminosité des façades blanchies à la chaux qui s’étendent tout le long du quai du Marché-Neuf. Le Petit-Pont construit en dos d’âne sur trois arches est traversé par les passants et les charrettes chargées des marchands qui se rendent sur l’île de la Cité. De manière à faciliter la navigation sur le fleuve, ce pont est détruit entre 1850 et 1853 pour être remplacé par une nouvelle construction à une seule arche. À gauche, une extension de bois suspendue à l’un des immeubles se colore d’un gris bleuté qui réveille, combiné au rouge brique d’un large drapé, l’ambiance grisâtre de la composition. Plus bas, la voile blanche d’un bateau éclaire le premier plan. Au-delà d’un simple document historique témoignant des bouleversements que connaît l’urbanisme parisien au XIXe siècle, cette œuvre s’imprègne d’un sentiment dramatique propre à l’époque romantique. En décorateur de scène talentueux, Nolau sait jouer des ombres et des lumières pour insuffler à cette vue une certaine théâtralité.
En 1848, François-Joseph Nolau prend une part active à l’organisation des fêtes républicaines qui suivent la révolution de Février. Deux ans plus tard, il s’associe avec Auguste Rubé, son beau-frère, et prend la direction des décors de l’Opéra-Comique. Sous le Second Empire, il se charge de concevoir les décors de nombreux opéras et ballets. Il renoue finalement avec sa formation d’architecte au cours de l’année 1864 en acceptant d’achever la construction de l’Hôtel de la préfecturede Marseille. En 1883, de très nombreux journaux annoncent son décès et témoignent alors de la notoriété d’un artiste aujourd’hui tombé dans l’oubli.