Félix Henri GIACOMOTTI (1828-1909)

Agrippine quitte le camp, 1864
Huile sur papier marouflé sur toile
28 x 35 cm
Provenance : probablement vente d’atelier de l’artiste, Paris, hôtel Drouot, 17 mars 1910, n°45 sous le titre « Étude »
Signé du cachet de la signature en bas à droite
Porte la mention 45 en noir au revers sur la toile

Acquisition par le musée d’Etampes

Félix Henri Giacomotti est un peintre d’origine italienne naturalisé français en 1849. À Paris, il fréquente l’atelier du peintre Édouard Picot et obtient le Prix de Rome de peinture d’histoire en 1854 pour Abraham lavant les pieds aux anges. Il part alors en pensionnat à Rome et visite l’Italie durant les cinq années qui vont suivre. Dès son retour, le peintre expose deux portraits au Salon mais doit attendre 1864 pour se voir attribuer une première médaille grâce à son tableau intitulé Agrippine quitte le camp

Agrippine l’Aînée est la célèbre épouse de Germanicus, général romain très populaire, avec lequel elle aura neuf enfants. Tombé en disgrâce sous le règne de Tibère, Germanicus trouve la mort en 19 au cours d’un voyage en Orient avec sa famille. Agrippine alors enceinte décide de prendre le chemin de Rome avec ses enfants, pour rapporter les cendres de son époux. Exposée sous le numéro 799 pendant le Salon, l’œuvre de Giacomotti représente le moment de ce départ. Le sujet, dont la source est signalée par le livret, est tiré du premier livre des Annales de Tacite. Placée au centre de la composition, Agrippine qui porte son fils Caligula est entourée d’un groupe de femmes et d’enfants qui l’accompagnent dans sa fuite. La tête légèrement baissée, elle montre un regard sombre et sévère. Le décor est constitué d’un paysage aride fermé par de hautes montagnes. La toile, qui mesure plus de deux mètres sur trois, est immédiatement acquise par l’État et déposée au musée des Beaux-Arts de Lille. Pour venir à bout de ce qui apparaît comme l’un de ses chefs-d’œuvre, l’artiste réalise un grand nombre de dessins et d’études. L’huile sur papier récemment découverte semble être l’une des dernières étapes du processus créatif avant le passage à l’exécution définitive. Hormis la disparition de deux oiseaux noirs visibles dans l’esquisse, la composition est déjà aboutie et ne connaîtra aucune variation majeure. 

Tout au long de sa carrière, Giacomotti reçoit de nombreuses commandes privées, principalement pour des portraits et des nus. L’État le sollicite également pour la réalisation de décors, tel le plafond représentant La Gloire de Rubens pour le palais du Luxembourg, aujourd’hui visible à l’hôtel de ville de Bourges. Nommé directeur de l’école municipale des Beaux-Arts et conservateur du musée de Besançon, il demeure dans cette ville jusqu’à son décès en 1909.