Justin OUVRIÉ (1806-1879)

La Place de Royat, vers 1837
Huile sur toile
39,5 x 62,5 cm

Vendu

Dès la fin du XIXe siècle, certains guides touristiques signalaient à l’attention des peintres le caractère incontournable du village de Royat en Auvergne. Situé à peu de distance de Clermont-Ferrand, il offrait aux artistes une nature foisonnante et facilement accessible associée à des rues et monuments pittoresques. À la suite de la création du Prix de Rome de paysage historique en 1817, nombreux sont ceux qui visitant l’Auvergne se rendaient jusqu’à Royat. Ils pouvaient alors découvrir tout près de l’église du village la déjà célèbre croix des apôtres. Datée de 1486, cette croix de pierre fut mutilée puis mise à terre à l’époque révolutionnaire. Un villageois attaché au monument la transporta dans sa grange et la préserva des outrages. Au début du siècle suivant, la croix qui avait perdu son socle d’origine fut redressée sur un pied de maçonnerie avant d’être restaurée en 1841. Lorsque Justin Ouvrié découvre l’Auvergne en 1835, il s’arrête à Royat et s’assoit dos à l’église dans la perspective de la rue face à la porte du village. De là, il saisit les façades blanches des maisons aux toits débordants grisés par l’ombrage et peint en contre-jour, sur la droite, la fragile croix des apôtres. Le peintre, filleul du baron Taylor, est l’élève d’Abel de Pujol à Paris et expose au Salon depuis 1831. Il affectionne particulièrement les sites architecturaux ouverts sur le ciel. Deux de ses vues les plus célèbres, celles du Château de Pau et de La Cour ovale du Château de Fontainebleau, empruntent un principe identique de composition à celle de la vue choisie à Royat. Placé dans un axe dévié du point de fuite, il accentue la perspective des façades latérales et ouvre largement la partie supérieure de l’œuvre sur le ciel d’un bleu lumineux. L’impression de silence et de calme qui imprègne les lieux n’est pas perturbée par la présence d’une mère et de son enfant dans l’ombre de la croix. Justin Ouvrié connaît un grand succès sous la monarchie de Juillet. Au Salon de 1837, il expose une toile intitulée La Place de Royat, près Clermont-Ferrand qui aurait pu correspondre à cette œuvre. Cependant, les registres d’inscription au Salon nous indiquent que les dimensions de ces deux vues de Royat diffèrent. Comme bien souvent, l’artiste aura décliné son motif sur différents supports et formats.

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