Horace VERNET (1789-1863)
L’Hirondelle du café de Foy, vers 1805-1810
Huile sur toile marouflée sur panneau
28 x 38 cm
Provenance : ancienne collection André Delaroche-Vernet
Exposition : Les Vernet, École de Beaux-Arts, Paris, 1898, n°139 ; Exposition rétrospective de la Ville de Paris, Exposition universelle, Paris, 1900, n°304 (étiquette au revers)
Vendu
Au XIXe siècle, l’anecdote attachée à L’Hirondelle du café de Foy devint légende. De nombreux détails plus ou moins véridiques sont venus enrichir puis déformer l’histoire, la faisant peu à peu tomber dans l’oubli. Le célèbre café de Foy, installé à l’origine rue de Richelieu à l’entrée des jardins du Palais-Royal, fut déplacé sous les arcades lorsque le duc d’Orléans décida de lotir le périmètre du jardin. La famille Vernet, Joseph le grand père, célèbre peintre de marines, Carle le père, inimitable peintre de chevaux et enfin Horace qui connut le succès avec la restauration des Bourbons, fréquenta assidûment les lieux. Selon les sources qui très tôt évoquent cet épisode, le jeune Horace Vernet avait probablement une quinzaine d’années lorsque son père et lui se retrouvèrent dans le café en travaux. Est-ce l’un des peintres maladroits qui fit une tache au plafond ou Carle qui en faisant sauter un bouchon de champagne endommagea la toile tendue fraîchement repeinte en blanc ? Si les versions divergent sur ce point, toujours est-il qu’Horace, pour masquer l’accident, grimpa sur une échelle et traça de son pinceau une élégante hirondelle aux ailes déployées, sous le regard amusé de son père. L’oiseau devint célèbre dans tout Paris, jusqu’à donner son nom à l’établissement qui fut surnommé Le café de l’hirondelle. Les différents propriétaires du café préservèrent l’hirondelle jusqu’à ce que l’un d’entre eux la fît découper du plafond pour la conserver. Son successeur tenta vainement de la faire remplacer, mais l’imitation ne reçut que les moqueries des visiteurs. À la fin de sa vie, Horace Vernet nia farouchement être l’auteur du volatile et s’agaçait rapidement lorsqu’on lui racontait l’anecdote. Quoi qu’il en soit, les descendants de l’artiste finirent par récupérer le petit morceau de toile et André Delaroche-Vernet, arrière-petit-fils d’Horace, prêta l’hirondelle en 1898 pour l’exposition consacrée aux Vernet à l’École des Beaux-Arts, puis deux ans plus tard pour la rétrospective centennale de la ville de Paris pendant l’Exposition universelle de 1900. Les spectateurs purent alors redécouvrir sur la toile découpée en forme de triangle aux pointes tronquées l’oiseau noir et blanc se détachant sur un fond écru. Les catalogues d’alors, suivant en cela certaines versions de l’histoire, attribuaient l’œuvre à Carle Vernet et non à son fils.