Henri HARPIGNIES (1819-1916)

Vendu

Régate sur la Loire près de Nevers, 1859
Huile sur panneau
10 x 50 cm
Signé et daté en bas à gauche H. Harpignies 1859

Vendu

Henri-Joseph Harpignies naît le 28 juillet 1819 à Valenciennes dans une famille de la grande bourgeoisie belge originaire de Mons. S’il aime très tôt dessiner, il ne découvre que tardivement sa vocation artistique après une première carrière dans les entreprises de son père. C’est finalement un voyage de neuf mois, pendant lequel il traverse la France jusque dans les Pyrénées, qui le décide à intégrer l’atelier du peintre Jean-Alexis Achard, à l’âge de 27 ans. Avec son maître, il découvre le Dauphiné et les Flandres tout en s’exerçant à la gravure sur cuivre. Par la suite, il entreprend de nombreux voyages en Allemagne, aux Pays-Bas puis en Italie. À Rome, il fréquente la villa Médicis et ses pensionnaires puis quitte la capitale en direction de Capri. De retour à Paris en 1852, Harpignies ouvre son atelier et se lie d’amitié avec Jean-Baptiste Corot qui a sur lui une très grande influence. En sa compagnie, il se rend dans la forêt de Fontainebleau pour travailler sur le motif et fréquente les premiers artistes de l’école de Barbizon. L’année suivante, le peintre débute au Salon avec trois tableaux dont Chemin creux et une Vue de Capri, souvenir de son premier séjour italien. En 1859, Harpignies n’est plus un jeune homme lorsqu’il se rend pour la première fois dans la région de Nevers. Dès lors, les paysages du Nivernais deviennent une source intarissable d’inspiration pour l’artiste. La Nièvre, l’Allier et surtout la Loire sont les sujets d’œuvres nombreuses, peintes ou dessinées au crayon et à l’aquarelle, qui lui permettent d’associer ou d’opposer l’eau au ciel, les arbres des rivages à leurs reflets. Tracées sur une planchette de bois au format très étiré, les lignes qui composent cette vue de la Loire mettent en évidence la majesté du fleuve dans toute sa largeur. Le support préparé en beige s’éclaire sur l’eau et dans le ciel grâce à quelques touches de peinture blanche, rapidement posées. Trois barques à fond plat, des fûtreaux, animent le centre de la scène. Sur chaque rive boisée, dont l’éloignement est exagéré par la perspective, une foule minuscule s’agite sous des fanions de couleur et semble célébrer l’arrivée ou le départ des trois équipages. Le paysage tout entier est peint dans un camaïeu de bruns, qui va du beige le plus clair au roux et confère à l’ensemble une ambiance automnale. Cette œuvre à la fois synthétique et en apparence spontanée est déjà fortement marquée par l’influence de Corot. Quatre ans après la réalisation de cette peinture, les deux artistes partent ensemble pour l’Italie. Peu à peu, au contact de Corot, la palette de Harpignies continue de se réduire en quête de l’essentiel. Tout au long de sa carrière, et ce jusqu’à sa mort à l’âge de 97 ans, le peintre revient régulièrement dans le Nivernais pour dessiner sur le motif. Les dernières années de sa vie, sa vue baissant, Harpignies ne cesse pas de peindre mais limite de plus en plus le chromatisme de ses œuvres et réduit sa représentation du paysage à des effets de masse qui le font s’approcher, comme Monet, d’une certaine forme d’abstraction involontaire.