Charles-Marie BOUTON (1781-1853)

Vendu

Vue intérieure des chapelles souterraines de l’église de Saint-Denis, vers 1810
Huile sur toile
21,5 x 27,5 cm
Provenance : ancienne collection René Huyghe

Vendu

En 1810, Charles-Marie Bouton fréquente encore à vingt-neuf ans les ateliers de Jean-Victor Bertin et Pierre Prévost, deux peintres paysagistes formés par Pierre-Henri de Valenciennes. Cette année-là, il participe au Salon pour la première fois avec deux toiles : Vue de la porte Saint-Jacques, à Troyes et Vue intérieure des chapelles souterraines de l’église de Saint-Denis. Le peintre reçoit à cette occasion une médaille d’or, plus haute récompense officielle décernée par le jury. L’absence de registre ne nous permet pas de connaître le format de ces deux œuvres. Il n’était cependant pas rare que les artistes présentent des œuvres de taille réduite. Bouton, connu pour ses petits tableaux de chevalet, s’était spécialisé dans la représentation de ruines, privilégiant les espaces intérieurs dans une verve préromantique. Dix-sept ans plus tôt, le 31 juillet 1793, la Convention nationale votait la destruction des « tombeaux et mausolées des ci-devant rois, élevés dans l’église de Saint-Denis ». La basilique, située à quelques kilomètres de Paris, était devenue siècle après siècle la nécropole des différentes dynasties ayant régné sur la France. De nombreux artistes ont représenté les scènes de destruction des tombes royales. Une peinture de Hubert Robert conservée au musée Carnavalet illustre plus précisément la profanation des caveaux dans les parties souterraines de l’édifice. Quelques années plus tard, Napoléon décida de la réhabilitation de la basilique. Puis Louis XVIII de retour sur le trône fit restaurer les gisants et installa dans la crypte rénovée les tombes des derniers Bourbons. Lorsque Charles-Marie Bouton peint la crypte, celleci est encore à l’abandon. La voûte percée d’une grille qui laisse pénétrer la lumière est supportée par deux colonnes aux vastes chapiteaux circulaires. Sur le sol, les gravats, stigmates des destructions révolutionnaires, sont recouverts par la végétation alors que sur la droite, une vasque dans laquelle l’eau s’écoule fait office de fontaine. Entre les piliers toujours visibles aujourd’hui, des planches séparent l’espace du reste de la crypte romane. Comme de nombreux peintres de son temps, Bouton était fasciné par le patrimoine architectural en péril et s’intéressa très tôt au musée des Monuments français créé par Alexandre Lenoir en 1795. Pour sa seconde participation au Salon en 1812, il choisit d’exposer une vue de ce musée dans lequel on pouvait découvrir des vestiges venus de toute la France, certains provenant justement de la basilique de Saint-Denis, déplacés là par Lenoir pour être préservés des destructions et des pillages jusqu’à leur retour dans les années 1820.