Pierre-Luc-Charles CICERI (1782-1868)

Homme assis sous un pont, vers 1822-1825
Lavis d’encre et gouache blanche sur papier
9,5 x 16,2 cm
Signé en bas à gauche Ciceri

Vendu

D’origine italienne, Pierre-Luc-Charles Ciceri se destinait à des études musicales. À l’âge de quatorze ans, il entre en classe de violon au Conservatoire de Paris mais renversé par une voiture, il devient légèrement infirme et doit renoncer à cette voie. À partir de 1802, il étudie le dessin auprès de l’architecte et décorateur François-Joseph Bélanger, puis en fréquentant l’Opéra, se passionne pour les décorations scéniques. Son talent le fait nommer peintre-décorateur dans les ateliers de l’Opéra de Paris en 1810, sous la direction de Jean-Baptiste Isabey. Les deux hommes se lient d’une affection filiale qui se concrétise par le mariage de Charles Ciceri avec la fille d’Isabey. Né de cette union en 1813, leur fils Eugène deviendra un important peintre paysagiste dans la seconde moitié du siècle. 

C’est très légitimement que Charles prend, à la suite de son beau-père, la direction des ateliers de l’Opéra en 1818. Très tôt, il fréquente les cercles romantiques avec son beau-frère Eugène Isabey. Associé à Louis Daguerre et Charles-Marie Bouton il participe à l’invention du diorama, dont les procédés novateurs viendront enrichir les décors de l’Opéra. Depuis La Belle au bois dormant de Carafa en 1825 jusqu’au Robert le diable de Meyerbeer, Ciceri, grâce à ses décors, illustre parfaitement la nouvelle conception romantique de l’opéra et du théâtre en France.

Minuscule, seul, assis au premier plan sous la voûte massive d’un pont qui le domine, un homme nous tourne le dos. Le paysage nocturne qui s’ouvre devant lui est éclairé par la lumière d’une lune absente. Un jeu de gouache blanche relevant le lavis d’encre brun-sépia parvient à évoquer l’astre sans le montrer. L’ambiance inquiétante et le sujet mystérieux de la scène pourraient renvoyer aux décors de théâtre ou d’opéra que l’auteur invente à cette époque. Pourtant, il s’agit plus probablement d’un projet de composition pour le diorama, tant l’importance de l’éclairage et l’absence de narration semblent correspondre à ce procédé. Malheureusement, l’incendie qui détruisit en 1839 le théâtre du diorama et ses archives rend aujourd’hui les rapprochements souvent difficiles.  


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