Gustave COURTOIS (1852-1923)
Étude de jeune fille, 1890
Crayon sur papier
32,2 x 20,5 cm
Signé en bas à droite G Courtois
Probablement exposé au salon de Toulouse en 1890 sous le n° 401. Provenance : collection particulière, Toulouse
Vendu
Fils d’un garçon charcutier et d’une blanchisseuse, Gustave Courtois a grandi à Pusey, une petite ville de Haute-Saône. À Vesoul où il est scolarisé, son talent précoce est remarqué par l’un de ses professeurs qui le fait entrer à l’école municipale de dessin. À dix-sept ans, il rencontre le célèbre peintre Jean-Léon Gérôme, natif de Vesoul, qui en voyant ses dessins l’invite à s’inscrire dans son atelier de l’École des Beaux-Arts. À Paris, il retrouve le jeune Pascal Dagnan-Bouveret qui comme lui est originaire de Haute-Saône. Les deux amis, qui ne se quitteront plus, partagent un appartement au 53 de la rue Notre-Dame-des-Champs. Ensemble, ils exposent pour la première fois au Salon en 1875. Courtois présente alors un portrait de sa mère et Dagnan-Bouveret une Atalante. Ils déménagent plusieurs fois dans Paris avant de s’installer en 1887 au 73 boulevard Bineau à Neuilly-sur-Seine. C’est dans cet atelier que les deux artistes travaillent lorsqu’ils préparent le Salon de 1890.
Gustave Courtois expose sept œuvres cette année-là, majoritairement des portraits. Sous le numéro 230 du livret, il présente une toile de petit format représentant une figure féminine sobrement titrée Étude de jeune fille. Cadrée à mi-jambe devant un papier-peint doré, la jeune femme est vêtue d’une robe de chambre brodée en soie cramoisie et bordée de satin blanc. Tournant la tête vers la gauche, elle fuit le regard du peintre et nous échappe. À l’instar de Whistler, Courtois montre ici son intérêt pour le japonisme dont l’influence sur la peinture européenne s’impose à cette époque. L’utilisation d’un fond doré par le biais du papier-peint renvoie également à la tendance décorative qui se développe chez les peintres dans le sillage de l’art nouveau. Pendant le Salon l’œuvre est acquise pour la Art Gallery of New South Wales, musée des Beaux-Arts australien en cours de construction qui sera inauguré six ans plus tard à Sydney. La même année, en parallèle du salon parisien, Courtois envoie au salon du Capitole à Toulouse un dessin titré Jeune fille. Signalé au livret sous le numéro 401, l’œuvre est précisée comme étant réalisée au crayon. Légèrement décentrée dans la partie inférieure droite de la feuille, la jeune femme apparaît plus isolée que dans l’œuvre définitive. L’artiste a pris soin de recadrer le motif sur son dessin préparatoire tel qu’on le retrouve dans le tableau aujourd’hui exposé à Sydney.
Courtois, ouvertement homosexuel, entretient une relation intime avec Carl von Stetten, un autre élève de Gérôme d’origine allemande. En privé, il n’hésite pas à se travestir tel qu’on peut le voir sur certains portraits le représentant. Le kimono cramoisi de son Étude de jeune fille se retrouve dans plusieurs de ses portraits sur différents modèles et devait faire partie d’une de ses nombreuses panoplies.