Fortuné DELARUE (1794-18..)
La Famille Ciceri, 1829
Aquarelle
18,5 x 23,8 cm
Signé, daté et dédicacé sur le rocher :
F. Delarue 1829. – Souvenir d’amitié pour la famille Cicéri
Vendu
Un groupe de cinq personnes a pris place sur un rocher. Posté légèrement en contrebas, l’auteur de cette aquarelle les dessine. Fortuné Delarue, artiste originaire d’Amiens connu pour ses caricatures de la vie parisienne, a pris soin de parapher et de dédicacer son œuvre sur la pierre. Avec délicatesse et affection, il fige le souvenir d’un moment passé en compagnie de la famille Ciceri en 1829 dans la forêt de Fontainebleau. Charles, le père, se tient de profil, coiffé d’un chapeau à larges bords et dessine lui aussi. Il est entouré de deux de ses filles, Félicie dix-neuf ans qui le regarde et Jeanne quinze ans. Eugène, le fils aîné, nous tourne le dos et comme son père, scrute le paysage, la tête penchée sur sa feuille. Alexandrine enfin complète le groupe. Fille de Jean-Baptiste Isabey, mariée à Charles depuis dix-neuf ans, elle s’est redressée et domine avec un regard aimant sa famille.
Charles Cicéri, décorateur en chef de l’Opéra, vient de terminer une série de voyages, parcourant le sud de la France jusqu’à Marseille, l’Italie en 1827 et la Suisse en 1829. De retour à Paris, accompagné de sa famille, il profite de son temps libre pour rechercher des motifs dans les forêts alentour. Comme ses amis, les peintres Théodore Caruelle d’Aligny et Jean-Baptiste-Camille Corot, il est fasciné par la région de Fontainebleau. Son fils Eugène, qui n’a encore que seize ans, découvre auprès de lui sa vocation de peintre paysagiste et ce qui deviendra quelques années plus tard sa région d’adoption. Ce dernier achètera une maison dans le village de Barbizon avant de la revendre au peintre Charles Jacque. Plus tard il s’installera à Marlotte (actuel Bourron-Marlotte) tout près de Fontainebleau.
L’auteur de cet émouvant portrait de groupe aurait été un temps fiancé à l’une des filles de Ciceri, détail qui justifierait sa présence avec la famille ce jour-là. Il pourrait s’agir de Félicie, l’aînée des filles, dont le visage gracieux est finement détaillé par l’artiste sur la gauche. Ces hypothétiques fiançailles n’eurent pas de lendemain car la jeune femme épousa, six ans plus tard, François-Joseph Nolau (1804-1883), un décorateur de théâtre ancien élève de son père.