Sophie JANINET (c.1775-1814)

Vendu

La Mort de Lucrèce, 1799
Lavis d’encre sur papier
34,2 x 47,6 cm
Signé et daté en bas à gauche Sophie Janinet an 1799
Exposé au Salon de 1799 sous le n°169

Vendu

Sophie Janinet serait la fille de Marie-Madeleine-Françoise Poumentin et d’un aquafortiste du nom de Jacques-Henry Billé ou Billet. À la mort de ce dernier, la mère de Sophie épouse un autre graveur, Jean-Francois Janinet, qui donne son nom à l’enfant. C’est lui également qui l’élèvera et lui offrira sa première formation artistique. Chez ses parents, Sophie a pu croiser Jean-Honoré Fragonard, Hubert Robert et Jean-Baptiste Greuze. Jean-François Janinet adopte une technique de gravure qui imite le lavis et collabore avec le sculpteur Jean-Guillaume Moitte en gravant ses dessins à la manière de bas-relief en trompe-l’œil. Sophie grandit à l’ombre de ces illustres modèles et apprend les techniques du dessin et de la gravure dès son plus jeune âge. À vingt-quatre ans, elle participe pour la première fois au Salon et expose une gravure à la manière de son père, représentant La Paix, d’après un dessin de Sauvage. Elle choisit également de présenter un grand dessin à l’encre dont la composition est de son invention. Illustrant La Mort de Lucrèce, sujet déjà traité par son père d’après Moitte pour le Salon de 1791, l’œuvre tracée au lavis d’encre noire simule l’effet d’un bas-relief antique.

L’histoire de la mort de Lucrèce passe selon Tite-Live pour l’acte fondateur de la République romaine. Au VIe siècle avant notre ère, Rome est un royaume gouverné par Tarquin le Superbe dont la brutalité et la décadence sont restées légendaires. Son fils, Sextus Tarquinius, pris d’un désir fou pour Lucrèce, l’épouse de Collatinus, viole la jeune femme sous la menace de son glaive. Collatinus, prévenu du crime, retourne auprès de son épouse accompagné de son cousin Brutus. Lucrèce leur fait alors prêter serment de la venger avant de se donner la mort d’un coup de poignard. L’affront, lavé dans le sang, mène à la fin du règne des Tarquins et à la naissance de la République romaine.

Sophie Janinet, par le choix de ce sujet précis, évoque en miroir la place des femmes dans la construction des républiques romaines et françaises. Ses choix techniques rendent également un hommage appuyé à ses maîtres et modèles : son père et le sculpteur Jean-Guillaume Moitte. La jeune femme participera encore au Salon l’année suivante en exposant un portrait de Bonaparte premier consul. En 1802 elle épouse le musicien Joseph-Marie-Juvenal Giacomelli et entame alors une nouvelle carrière de chanteuse, tout en exposant ses œuvres au Salon en signant Sophie Giacomelli jusqu’à son décès en 1814.