Pierre PUVIS DE CHAVANNES (1824-1898)

Mère et son fils, vers 1893-98
Pierre noire et craie blanche sur papier
31,4 x 23,5 cm
Signé sur la droite P. Puvis Ch 

Vendu

Pierre Puvis de Chavannes, né à Lyon en 1824, est l’un des peintres majeurs de la seconde partie du XIXe siècle. Après des études littéraires au lycée Henri IV et un premier voyage en Italie, il étudie la peinture dans l’atelier d’Henry Scheffer avant de rejoindre quelques années plus tard celui de Thomas Couture. Dès cette époque, il fréquente Delacroix et surtout Théodore Chassériau qu’il admire et avec lequel il se lie d’amitié. C’est dans l’atelier de ce dernier que Puvis rencontre en 1856 Marie Cantacuzène, une princesse roumaine qui deviendra sa muse et sa compagne pendant plus de quarante ans.

Jusqu’au début des années 1860, les œuvres du peintre sont refusées au Salon ou ne reçoivent que des commentaires peu flatteurs lorsqu’il parvient à les exposer. Ce n’est qu’en 1861, suite à l’achat de La Guerre par l’État, que débute véritablement sa carrière officielle. Dès lors, les commandes pour de grands décors publics ou privés à Paris, en province et même à l’étranger s’accumulent. Entre 1874 et 1878, il réalise un ensemble de fresques sur l’enfance de sainte Geneviève pour le Panthéon et complète ce premier cycle vingt ans plus tard par deux nouveaux épisodes : Sainte Geneviève ravitaillant Paris et Sainte Geneviève veillant sur Paris. Alors âgé de soixante-dix ans, le peintre multiplie les études pour les nombreuses figures qui composent la scène du ravitaillement. Au centre de la composition définitive, la sainte bénit depuis un bateau la foule des parisiens. Elle domine au premier plan une mère qui serre son jeune fils nu entre ses bras.

Préparatoire pour ce groupe, une première pensée réalisée à la pierre noire et relevée de craie blanche montre la mère qui se tient à genoux de trois-quarts, tournant le visage vers la gauche. Son profil à l’antique pourrait évoquer les traits de la compagne du peintre, son modèle de toujours. Épuisé par la faim, le fils allongé nu entre les jambes de sa mère nous tourne le dos. Les traces d’une mise au carreau attestent des intentions du peintre de reporter ce groupe en l’état. Cependant, la composition finale sera différente. Le profil de la mère disparaît presque entièrement, caché par son voile bleu, et le fils affaibli mais redressé s’accroche à ses épaules, face à nous. Véritable allégorie de la maternité protectrice, ce dessin, tracé dans les dernières années de la vie du peintre, allie héritage classique dans sa facture et modernité dans son graphisme. Considéré comme l’un des précurseurs du symbolisme, Puvis de Chavannes eut une très grande influence sur les œuvres d’artistes tels qu’Odilon Redon, Henri Martin, Alphonse Osbert, Alexandre Séon, ou Ary Renan, mais aussi sur celles de Paul Gauguin, Georges Seurat ou Maurice Denis.

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