Jean-Thomas THIBAULT (1757-1826)
Fontaine des chevaux de mer à la villa Borghèse,1791
Mine de plomb et encre sur papier
23,7 x 35 cm
Signé, titré et daté au verso :
Thibault – Villa Borghèse 1791
Vendu
Jean-Thomas Thibault remporte le concours de l’Académie d’architecture en 1778, puis intègre l’atelier d’Etienne-Louis Boullée à Paris. Après avoir travaillé au service du prince de Conti, il quitte la France pour l’Italie en 1788 et fait la connaissance à Rome de deux architectes qui deviendront célèbres sous l’Empire : Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine. Ce dernier racontera plus tard que Thibault pratiquait « alternativement, et toujours avec succès, la peinture et l’architecture ». Un certain nombre de dessins ou d’aquarelles ainsi que quelques rares peintures témoignent de l’activité de Thibault à Rome et dans ses alentours. Il s’agit principalement de paysages mêlant esprit classique et figures contemporaines ou vêtues à l’antique. Plusieurs de ces feuilles ont pour sujet les jardins de la villa Borghèse. Ouvert au public, le parc de ce palais qui domine la piazza del Popolo se compose de chemins, de bosquets et de places, agrémentés de sculptures et de fontaines.
En 1791, une nouvelle fontaine est commandée par le prince Borghèse pour orner l’une des croisées à proximité directe de l’entrée de la villa, en remplacement d’une précédente jugée trop rustique. Sa conception est confiée au peintre Cristoforo Unterberger qui propose une large vasque soutenue par quatre chevaux marins. L’architecte Vicenzo Pacetti est chargé de sa construction, assisté du sculpteur Luigi Salimei pour les chevaux et de Giovanni Antonio Bertè pour les bassins.
Le dessin au lavis d’encre et à la plume de Jean-Thomas Thibault, daté de 1791, illustre donc un événement d’actualité. Sous des aspects antiques, dus à son style néoclassique, la fontaine telle qu’on peut la voir vient d’être inaugurée. Un couple de promeneurs s’approche pour admirer ce nouveau fleuron du parc. À l’arrière-plan, émergeant des arbres, les deux tours de la villa Borghèse dominent la composition. Après un séjour romain prolongé jusqu’en 1792 du fait des événements révolutionnaires, Thibault put regagner la France. À son retour, il s’associe à l’architecte Jean-Nicolas-Louis Durand mais poursuit en parallèle une carrière de peintre et expose en 1795 et 1796 plusieurs peintures de paysages au Salon. Sous l’Empire, il travaille pour la famille impériale : Joséphine, Louis Bonaparte et Joachim Murat font partie de ses commanditaires. À la mort de Pierre-Henri de Valenciennes en 1819, il reprend le poste de professeur de perspective à l’École des Beaux-Arts et consacre la fin de sa carrière à l’enseignement du dessin.