Étude pour la Sibylle libyque, vers 1844
Huile sur papier marouflé sur carton
26,5 x 29 cm
Historique : don de l’artiste à Faustine Léo
Au revers : étiquette Mlle Faustine à l’encre
Vendu
Henri Lehmann débuta sa formation artistique en Allemagne auprès de son père Leo Lehmann, avant d’entrer dans l’atelier d’Ingres en 1831 à Paris. En raison de sa nationalité étrangère, Lehmann ne put concourir au Prix de Rome et partit à ses frais rejoindre son maître, alors directeur de l’Académie de France à Rome, en 1838. En Italie où il passe quatre années, il peut retrouver plusieurs de ses amis de l’atelier tels que les frères Flandrin ou Michel Dumas. Revenu à Paris en février 1842, il entame une carrière officielle couronnée de succès. Peintre d’histoire et portraitiste renommé, il accepte très rapidement après son retour de réaliser plusieurs grands décors religieux dont ceux de la chapelle du Saint-Esprit dans l’église Saint-Merri à Paris. Avant même qu’il n’ait achevé ce premier grand chantier, il reçoit le 9 mai 1843 une nouvelle commande de grande envergure. Décidée le 18 juillet 1838, la construction d’un institut éducatif pour les jeunes aveugles au 56 du boulevard des Invalides est confiée à l’architecte Pierre Philippon qui achève son chantier en six ans. Dès lors, Henri Lehmann peut commencer la décoration de la chapelle du bâtiment. Au mois de juin, il note dans ses carnets ses premières idées pour la composition d’ensemble de l’hémicycle, puis en janvier 1844, celles définitives pour les figures des prophètes et des sibylles qui doivent prendre place sur les quatre pendentifs de la coupole. Pour chacune de ces compositions le peintre associe un prophète avec une sibylle : Isaïe avec celle de Cumes, Jérémie avec Persica, Elie avec Delphica et enfin Ezéchiel avec Libyca. Ce dernier groupe donne lieu comme les autres à un grand nombre d’études dessinées et peintes. Chaque figure est traitée en détail isolément avant d’être reportée sur les murs de la chapelle. L’étude à l’huile sur papier pour la figure de la sibylle libyque se détache sur un fond bleu uni. Le visage de la prophétesse, aux tons ocre et carmin, est entouré par une abondante chevelure d’un noir profond. Henri Lehmann choisit pour cette étude un cadrage qui concentre l’attention sur l’attitude pensive de Libyca. Appuyant son front sur sa main droite, les yeux presque clos, elle regarde en direction du sol les jeunes fidèles qui ne pourront la voir. L’année où Lehmann reçoit cette commande pour les décors de la chapelle, il expose au Salon de 1843 le célèbre portrait de sa cousine germaine, Faustine Léo, âgée de onze ans. Une étiquette ancienne, collée au revers du support de cette étude pour la sibylle libyque, indique que le peintre dut l’offrir à sa jeune cousine une fois son œuvre achevée. Lehmann consacra en tout sept années à la décoration de la chapelle qui fut inaugurée en 1850