Pierre-Henri RÉVOIL (1776-1842)

L’élection de Léon XI, vers 1805
Encre et lavis d’encre brune et noire sur papier
23 x 40 cm
Provenance : descendants de l’artiste

Vendu

À la mort du pape Clément VIII, le 5 mars 1605, débute au Vatican, la période Sede Vacante. Rapidement les cardinaux de l’église catholique se réunissent en conclave pour élire un nouveau pontife. Après plusieurs semaines de tractations et d’âpres négociations, les votes désignent Alexandre de Médicis, grâce au soutien d’Henri IV, son lointain cousin par alliance, et contre l’avis de Philippe III d’Espagne. Le premier avril 1605, le cardinal Alexandre prend le nom de Léon XI en souvenir de son grand-oncle, le pape Léon X. Dernier membre de la famille Médicis à s’asseoir sur le trône de SaintPierre, son règne ne dépassa pas vingt-sept jours. Les artistes n’ont eu que peu de temps pour illustrer cet éphémère pontificat. La plupart des portraits de Léon XI sont posthumes et son tombeau dans la basilique Saint-Pierre de Rome ne fut érigé que quarante ans après sa mort en 1645. L’artiste lyonnais Pierre Révoil, précurseur du style troubadour avec son compatriote Fleury-Richard, affectionne les sujets rares. Il choisit ici de représenter une scène à l’iconographie inédite : assis sur le trône de saint Pierre, orné des armoiries de sa famille, Léon XI accepte sa charge et bénit la bible que lui présente le diacre. Sous les plafonds de la chapelle Sixtine, dont on peut apercevoir l’autel à l’arrière-plan, le nouveau pape est entouré de plusieurs membres du clergé en habits de grande cérémonie. Sur sa gauche, les quatre cardinaux qui se détachent de manière sculpturale épousent les traits caractéristiques des évangélistes. Grâce à un effet de perspective exagérée, le plus jeune au profil glabre qui évoque la figure de saint Jean semble avoir des proportions colossales. La technique utilisée, mélangeant lavis d’encre brune et noire, est très proche de celle du peintre François-Marius Granet, ami proche de Révoil. Réalisée précisément deux siècles après le très court règne de Léon XI, l’œuvre renvoie à une époque où le Vatican et la France entretenaient les meilleures relations. En 1805 ces relations sont d’un autre ordre : Napoléon qui s’est couronné lui-même empereur, sous le regard médusé de Pie VII, s’octroie le titre de roi d’Italie le 17 mars. Les tensions entre les deux hommes atteignent leur paroxysme lorsque le pape refuse de prononcer le divorce de Jérôme Bonaparte, frère de l’Empereur. Révoil, en commémorant graphiquement une époque où les relations étaient plus cordiales, pointe du doigt une situation contemporaine qu’il ne peut que regretter.

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