Étude pour un corybante, avant 1874
Pierre noire, craie blanche et sanguine
48 x 31 cm
Vendu au musée de La-Roche-sur-Yon
Paul Baudry est l’un des plus importants représentants de la peinture académique du Second Empire. Il entre à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1844, dans l’atelier de Michel Martin Drolling. En 1850, il partage le Prix de Rome avec William Bouguereau. Fort de ce succès, il part pour l’Italie où il devient pensionnaire de la Villa Médicis à Rome à partir de 1851. Dès son retour, il reçoit un grand nombre de commandes publiques et privées et se forge une réputation de portraitiste mondain et de grand décorateur. L’immense chantier de l’Opéra de Paris dirigé par Charles Garnier, qui débute en 1861, est l’occasion pour de nombreux artistes de recevoir des commandes prestigieuses. Paul Baudry, avec Jules Lenepveu, Jules-Élie Delaunay et Isidore Pils, se voit confier les décors de l’intérieur de l’édifice, Baudry ayant la tâche de décorer la majeure partie du plafond à voussures du grand foyer.
Dans cette œuvre de très grandes dimensions, il illustre les différentes étapes de l’histoire de la Musique, de la Comédie et de la Tragédie. Dix médaillons, vingt voussures, trois plafonds, soit au total trente-trois peintures sur près de 430m². Paul Baudry choisit pour la voussure nord du grand foyer, côté avant-foyer, d’illustrer le thème de Jupiter et les Corybantes. Dans la mythologie grecque, les Corybantes célébraient le culte de la déesse Cybèle en dansant et en jouant du tambourin. Cette danse en armure était un rituel pour les jeunes hommes qui « arrivent à leur majorité » et un véritable passage initiatique vers l’âge adulte. La figure la plus à gauche de la composition représente un jeune homme nu de dos qui tend son bouclier vers le ciel. L’artiste, dans son travail préparatoire, accentue la tension du modèle grâce à un dessin qui évoque ceux des grands décorateurs maniéristes du XVIe siècle, de Vasari à Pontormo. Baudry consacre plus de dix années à la réalisation de cet ensemble, qui restera son grand chef-d’œuvre. Les toiles furent exposées à l’École des Beaux-Arts en 1874 avant d’être marouflées dans le grand foyer de l’Opéra. Quelques années plus tard, le peintre reçut la commande de fresques pour le Panthéon mais mourut avant d’avoir pu venir à bout de son projet.