Joseph GRANIÉ (1861-1915)

Jeune femme de profil, vers 1900
Gouache et encre sur papier
20,5 x 20 cm
Signé sur la droite J Granié

Vendu

Une jeune femme aux longs cheveux blonds écarte légèrement les lèvres comme si elle s’apprêtait à chanter. Peinte à la gouache et aux encres relevées d’or, elle évoque les figures d’anges chanteurs sur les retables italiens du XVe siècle. Joseph Granié tient une place un peu particulière dans l’art français de la fin du XIXe siècle. Originaire de Toulouse où son père était tapissier, il débute dans l’atelier de Jules Garipuy avant de poursuivre sa formation à Paris chez Jean-Léon Gérôme. À dix-huit ans, il participe pour la première fois au Salon officiel et choisit d’exposer son autoportrait. Par la suite, il présentera principalement des portraits. Qu’elles soient peintes ou dessinées, ses figures féminines ont quelque chose d’inclassable. Mystérieuses ou inquiétantes, elles sont toutes empreintes d’une étrange sensualité. Par facilité, l’histoire de l’art intègre Joseph Granié au mouvement symboliste, même si son style et ses références le rapprochent bien plus des préraphaélites anglais. Le peintre partage avec ces derniers un goût prononcé pour la première Renaissance, ses œuvres semblant prendre pour modèles alternativement Cranach, Clouet ou Botticelli. Granié connut la célébrité en son temps. Son portrait de l’actrice Marguerite Moreno, acquis par l’État pour le musée du Luxembourg en 1899, lui offre une certaine forme de consécration. Un an plus tard, l’artiste réalise un tableau déroutant : Le Baiser. Représentation intimiste de deux femmes s’embrassant amoureusement sur les lèvres, l’œuvre reste encore empreinte à notre époque du mystère de ses intentions. Le dessin de la figure de droite dans ce tableau peut-être comparé en plusieurs points à celui de la jeune femme blonde : proximité évidente des postures de profil tendues vers la gauche, même vêtement vert sur les épaules et un travail de fond passant dans les deux cas d’un brun clair à un brun sombre. Si ces différents points communs peuvent suggérer un lien entre les deux œuvres, cette jeune fille au visage d’ange ne desserre-t-elle pas ses lèvres pour partager un baiser ?

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