Henri-Joseph HARPIGNIES (1819-1916)

Vendu

Autoportrait sous un châtaignier, 1891
Lavis d’encre sur papier
7 x 6,5 cm
Signé et daté en bas à droite H Harpignies 91

Vendu

Celui qu’Anatole France appelait « Le Michel-Ange des arbres et des campagnes paisibles » a soixante-douze ans quand il décide de se représenter installé au pied d’un châtaignier centenaire. De dos, assis devant son chevalet, sa boite de couleurs ouverte à même le sol, il est à l’ouvrage. Le peintre Henri Harpignies fut très prolifique. Tout au long de sa carrière il multiplia les paysages à l’aquarelle ou au lavis, dans des formats allant de l’immense au minuscule. À partir des années 1880, en parallèle de ses peintures, il exécute chaque jour un certain nombre de petits dessins où la nature est évoquée par des masses simples, relevées de ponctuations végétales. Il les signe tous, les date bien souvent, et aujourd’hui encore les collectionneurs recherchent des exemplaires de ces petits instantanés auxquels le peintre ne devait consacrer que quelques minutes. Ce ne fut pas le cas ici : la richesse infinie des détails, la variété des nuances de gris tirant vers le brun, la complexité de la composition, montrent malgré des dimensions réduites, une préoccupation de la part de l’artiste à vouloir faire œuvre. Fait plus exceptionnel encore, la nature est pour une fois habitée et laisse la place du sujet à celui qui est en train de la représenter : l’artiste lui-même. De dos, Harpignies reste reconnaissable. Une photo prise dans son atelier au début des années 1890 le présente assis entre deux de ses toiles, jouant du violoncelle. Tout habillé de noir, la tête coiffée d’un bonnet, il adopte une attitude proche de celle dans laquelle il se représente dans son petit autoportrait de dos. Franchissant le nouveau siècle, le peintre continue de travailler, mais sa vue baisse inexorablement. Son style évolue vers plus d’évanescence, les détails disparaissent peu à peu pour laisser la place à des juxtapositions de masses ; la gamme des nuances de sa palette se réduit également. Jusqu’aux derniers jours, dit-on, l’artiste ne cesse de peindre. Il meurt en 1916 à l’âge de quatre-vingt-dix-sept ans, fort d’une carrière parmi les plus longues de l’histoire de l’art.