Alphonse OSBERT (1857-1939)
Muses au bord d’un lac, vers 1895-1900
Pierre noire et crayon
13,5 x 21 cm
Signé du cachet en bas à gauche
Provenance : Galerie Coligny, Paris
Vendu
Comme ses amis Alexandre Séon et Georges Seurat, Alphonse Osbert fréquente l’atelier d’Henri Lehmann à Paris. Ses premières œuvres exposées au Salon sont académiques et suivent la voie du naturalisme, sous l’influence de Léon Bonnat et de Fernand Cormon. Ce n’est qu’après un voyage en Espagne et plusieurs séjours à Fontainebleau que le peintre évolue vers le mouvement symboliste. Au Salon des Indé- pendants, il rencontre Maurice Denis et Puvis de Chavannes mais c’est sa participation au salon des Rose-Croix (organisé par le Sâr Péladan depuis 1892) qui marque un tournant dans son œuvre. Proche du poète Stéphane Mallarmé, Osbert évolue vers un symbolisme qu’il définit lui-même comme idéaliste. Deux jeunes femmes drapées à l’antique se serrent l’une contre l’autre dans un geste aussi tendre qu’académique. Sur la rive d’un lac se perdant dans le lointain, elles se tiennent à l’ombre d’un couple d’arbres qui imite leur enlacement. Le premier plan, traité en hachures serrées, contraste avec le reste de la composition esquissée d’un crayon plus léger. Il se dégage de l’ensemble une impression de calme marquée par la tendresse et le silence. Depuis le début des années 1890, Alphonse Osbert aime à répéter ce type de composition en ne variant sensiblement que le nombre des figures et leur positionnement dans l’espace. Ces deux muses peuvent être rapprochées d’un tableau peint par l’artiste en 1896 : Les chants de la nuit. Œuvre presque monochrome, dont la gamme des bleus n’est rompue que par l’arc doré de la lune, elle représente un paysage lacustre où plusieurs figures féminines évanescentes déambulent paisiblement. Le style d’Alphonse Osbert se fige rapidement dans un modèle que l’artiste ne semble plus vouloir faire évoluer. Célébré de son vivant par les poètes et la critique, il reçoit de nombreuses commandes officielles après 1900. Le musée d’Orsay est riche aujourd’hui de plus de 400 œuvres de l’artiste, peintures, esquisses, dessins et pastels, léguées par sa fille en 1992.