Charles-Samuel DELAPEINE (1826-1894)

La Pointe des Fourmis, vers 1858-1862
Huile sur papier marouflé sur toile
36,5 x 24,5 cm
Signé en bas à gauche Delapeine

Vendu

Charles-Samuel Delapeine est un peintre suisse originaire de Genève. Il se forme dans l’atelier de François Diday, un paysagiste alpin renommé, et participe régulièrement au Salon de Genève. À vingt ans, il présente ses œuvres pour la première fois en France à L’Exposition de la société des amis des arts de Lyon. Durant ses années d’études, il s’est lié d’amitié avec un autre élève de Diday, Alexandre Calame, déjà célèbre. Ensemble, ils décident de visiter la Côte d’Azur et s’installent à Nice en 1858. Delapeine parcourt le littoral en quête de motif et finit par s’arrêter sur la presqu’île du Cap Ferrat. À cette époque, l’endroit est sauvage et n’est pas encore loti des nombreuses et luxueuses villas belle-époque qui feront sa notoriété. Au milieu des courtes broussailles, le peintre pose son chevalet et fixe vers l’est une autre avancée sur la mer.

La pointe des Fourmis, située à Beaulieu-sur-Mer, est un promontoire rocheux couvert de pins, d’oliviers et de cyprès qui masquent quelques humbles constructions. Dominé par les hautes falaises des Alpes naissantes, ce bras de terre attire le regard. Sur sa plage de pierre ocre, une barque est au sec alors qu’au loin, une autre embarcation, voile dehors, navigue sur les eaux rose et bleu de la Méditerranée. À l’endroit précis où le peintre s’est arrêté s’élève aujourd’hui la magnifique villa Ephrussi que fit construire entre 1905 et 1910 la baronne Béatrice Ephrussi de Rothschild, dans un style inspiré de la renaissance italienne. Face à elle s’élevait déjà la villa Kerylos. L’archéologue Théodore Reinach (1860-1928) choisit le site de la pointe des Fourmis pour y faire bâtir, sur le modèle des villas grecques, une somptueuse demeure toute de marbre et de bois exotiques. Reinach fit appel à l’architecte niçois Emmanuel Pontremoli qui débuta les travaux en 1902.

Charles-Samuel Delapeine, qui ne put jamais voir la villa Kerylos sur la pointe des Fourmis, retourna en Suisse après avoir participé au Salon de Nice en 1862. À Genève, il s’intéressa au théâtre et réalisa plusieurs décors et études de costumes avant d’accepter le poste de conservateur du théâtre de Genève à la fin de sa carrière. Delapeine apparaît à de nombreuses reprises dans le journal de l’écrivain et philosophe Henri-Frédéric Amiel, véritable panorama de la socié- té suisse au XIXe siècle, publié en 17000 pages.

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