Pierre-Henri RÉVOIL (1776-1842)

Autoportrait en costume de Raphaël, vers 1794
Encre brune sur papier 23,8 x 19 cm
Signé du monogramme sur le bras du fauteuil P.R

Réalisé par Révoil pendant ses études à l’école centrale de Lyon, cet autoportrait symbolique est typique des feuilles tracées lorsque le peintre suit l’enseignement de ses premiers maîtres Donat Nonotte et Alexis Grognard. Le regard absent, un jeune peintre en costume Renaissance tient sa palette et ses pinceaux dans ses mains. Interruption contemplative pendant l’exécution d’une peinture, cette pause permet à l’artiste d’évaluer au jugé l’avancée de son travail. Son visage d’adolescent et ses longs cheveux bouclés évoquent la figure tutélaire de Raphaël tout en épousant les traits du peintre lui-même. Il est ici assez semblable au portrait que Jean-Michel Grobon fit de Révoil en 1797.

Ce dessin à la plume est proche dans son graphisme des œuvres de la Renaissance et plus particulièrement de la manière de certaines encres de Raphaël ou du Guerchin. Très tôt, Pierre Révoil rassemble des objets, meubles, manuscrits, dessins et peintures de la haute époque. Cet esprit de collectionneur, qui permet de le qualifier de peintre antiquaire, se retrouve dans ses œuvres. Le fauteuil droit de style Renaissance, dans lequel il s’est assis, renvoie probablement à une pièce de mobilier qui devait lui appartenir. Pierre Révoil rejoint quelques années plus tard le célèbre atelier de David à Paris. Si cette période est marquée par le style néoclassique dominant, Révoil se dirige rapidement vers la peinture troubadour, suivant en cela les orientations de son ami et collègue lyonnais, le peintre Fleury Richard. Ré- voil connut un immense succès sous l’Empire puis la Restauration. Après un séjour de cinq années en Provence, il rentre dans sa ville natale et accepte la direction de l’école des Beaux-Arts de Lyon. La révolution de 1830 et l’arrivée des Orléans marque cependant l’arrêt de sa carrière. Contraint de quitter Lyon, ruiné et oublié de tous, il termine sa vie à Paris dans la misère